L’Hôtellerie Restauration : Constatez-vous une différence dans les profils recherchés depuis quelques années ?
Jean-Philippe Carmona : Oui, bien sûr. Les chefs se réadaptent, on le voit en ce moment avec toutes les innovations qu’ils proposent, comme des chefs étoilés qui inaugurent des food trucks, et c’est pareil dans le recrutement. De plus en plus de responsables, même au sein de maisons étoilées par exemple, sont prêt à accueillir des personnalités qui ont un savoir être plutôt qu’un savoir-faire. On constate une ouverture d’esprit de plus en plus grande sur les profils recrutés. Les candidats ne cochent plus nécessairement toutes les cases et c'est de moins en moins un frein au recrutement. Il ne faut pas se voiler la face : 70 % des salariés, quand on parle d’intérim spécialisé, ne sont pas issus du secteur CHR.
On entend parler de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur, aggravée par la crise. Qu’en pensez-vous ?
L’inquiétude est là, surtout avec la crise. Depuis un an, beaucoup ont pris un travail ailleurs, comme dans les centres commerciaux, et ils ont goûté au repos des soirées et week-ends. Il sera compliqué de les faire revenir. Mais il y a une attractivité importante de notre secteur qui n’est pas à négliger. Au moment de la reprise, ils vont revenir. Le terrain leur manque. Mais ils ont besoin de visibilité et ils ne vont pas revenir pour trois mois. Le problème pour eux aujourd’hui, c’est comment vivre de leur passion. Ils sont donc dans l’attente pour une réouverture à long terme.
Quels conseils donneriez-vous à un recruteur ?
Le premier conseil que je peux donner, c’est de rester vigilant aux annonces gouvernementales pour être prêt au moment voulu, mais sans se précipiter non plus.
Ensuite, pour voir de manière plus large et plus lointaine, dans le cadre d’un recrutement, il faut montrer une ouverture d’esprit, qui est déjà en marche dans beaucoup de maisons. Les candidats ne cocheront plus nécessairement toutes les cases et j’insiste, il faut plutôt viser un savoir être qu’un savoir-faire. Mais cette vision des choses demande aussi une adaptabilité de la part du chef et/ou propriétaire. Du stagiaire, plongeur, commis… au chef, il y a une valeur humaine intrinsèque en chacun de nous. Et pour faire tourner un établissement, on a besoin de tout le monde. Essayons de nous réinventer, d’ouvrir notre vision du recrutement en ne restant pas uniquement sur le critère de la qualification. Nos métiers sont basés sur l’humain, et nous devons recentrer l’humain au cœur de nos métiers.
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Publié par Romy CARRERE