Entendre le bourdonnement des abeilles. Sentir l'odeur délicieuse de la cire. Admirer le vol des butineuses, leur faculté de revenir à la ruche les poches pleines de pollen aux couleurs parfois chatoyantes. Goûter les multiples saveurs du miel… Voilà ce qui plaît le plus au monde à Gabrielle Santini, apicultrice à Borgo en Haute-Corse (2B).
Tout juste âgée de 35 ans, la jeune femme n'avait pourtant pas prévu d'exercer ce métier. "J'étais fonctionnaire et pas vraiment épanouie dans ma branche, avoue-t-elle. J'ai décidé de me reconvertir, en passant un BPREA (Brevet Professionnel Responsable d'Exploitation Agricole). J'ai d'abord pratiqué l'apiculture pour aider ma mère qui avait récupéré quelques ruchers dans son jardin. Juste pour le plaisir, comme un loisir. Mais suite à un stage de six mois, j'ai eu le déclic : j'ai découvert ce métier, basé avant tout sur la nature et ses cycles. C'est ainsi que l'apiculture est devenue une histoire d'amour!"
"Le but premier est de pouvoir récolter du miel"
Gabrielle se fait prêter du matériel et récupère ses premiers essaims. Épaulée par des professionnels chevronnés, elle apprend très vite les rudiments de cette profession en manque de candidats. Vêtue de son matériel d'apiculture (combinaison avec voile, gants, ruchette…), elle surveille régulièrement ses ruches et contrôle la ponte de la reine. L'apicultrice suit également de près les activités des abeilles lors de la floraison, ainsi que leur multiplication et leur production de miel.
En outre, elle est chargée d'assurer la survie et la reproduction d'une colonie. "Le but premier est de pouvoir récolter du miel. Cela implique de mener sa colonie au meilleur de sa forme. En pleine saison, je dispose de plus de sept millions d'abeilles, réparties dans trois ruchers différents !" Une saison d'apiculture commence en février-mars et se termine en automne. Pendant l'hiver, il faut entretenir et réparer son matériel d'exploitation, construire de nouvelles ruches. Au printemps, il faut davantage contrôler la ponte de la reine et récolter le miel (voir encadré).
Commercialiser les produits apicoles
Mais le métier d'apiculteur ne se limite pas seulement à l'élevage des abeilles. Il consiste également à commercialiser les produits apicoles et à en gérer la production. "La commercialisation du miel nécessite de participer à des salons et des foires commerciales pour faire connaître et vendre son produit. On peut également commercialiser des produits dérivés (bougies, objets décoratifs, hydromel...)."
L'éleveuse d'abeilles commercialise ainsi ses produits dans des boutiques de produits corses et d'épiceries fines. Elle réalise également des ventes pour le continent, dans de grandes villes comme Paris et Marseille. "Je vends à des hôteliers, des restaurateurs, des glaciers-crêpiers, ou encore à des brasseries, conclut-elle. Même si cela ne constitue pas le gros de mon chiffre d'affaires, c'est une part non négligeable de mon activité. De plus, l'hôtellerie-restauration est un secteur qui sait exactement ce qu'il veut et qui connaît parfaitement le goût de ses clients. C'est donc très agréable de travailler avec ce secteur d'activités".
L'apiculture, activité de pleine nature, pâtit d'horaires qui peuvent être très lourds à certaines périodes (la transhumance). Cette profession est accessible à partir d'une formation continue de courte durée (Certificat de spécialisation en apiculture), voire en étant 'formé sur le tas' par un professionnel aguerri. Depuis quelques années, les abeilles sont en danger. Le métier d'apiculteur - encore trop boudé par les jeunes - prend ainsi une dimension écologique.
Publié par Mylène SACKSICK