French fries ou frites belges ?

Belgique Dans le cadre de Brusselicious, l'année de la gastronomie en Région de Bruxelles Capitale et en conclusion du Festival Fritkot, un débat réunissant des historiens culinaires a tenté d'établir la paternité nationale de la frite.

Publié le 28 décembre 2012 à 10:59
Philippe Ligron de Lausanne, les historiens belges Pierre Leclerq (ULB), Roel Jacobs (VISITBRUSSELS) et l'historienne française Madeleine Ferrière (Faculté de Lettres d'Avignon et Maison méditerranéenne des sciences de l'Homme, à Aix-en-Provence) ont énuméré les différentes théories sur l'origine de la pomme de terre, ensuite de la version cuite dans la graisse, voire un bain de graisse…
Pour ces éminents spécialistes, la version évoquant une origine française aux alentours de la révolution française semble la plus probante. Selon Madeleine Ferrière, il est toutefois vraisemblable que différentes origines aient pu cohabiter pendant un temps, sans que l'on puisse attribuer avec certitude l'origine à l'une ou l'autre nation ou à l'un ou l'autre moment historique spécifique.
Roel Jacobs cite Pierre Leclercq et ajoute que la particularité de cette préparation est qu'elle est faite à base de graisse, et que celle-ci a toujours été rare et chère. La pomme de terre était en outre mal considérée comme nourriture par les nantis. La combinaison de ces deux facteurs explique le caractère uniquement commercial et très nomade de la préparation. En effet, seuls les marchands ambulants pouvaient avoir un débit suffisant pour en assurer la rentabilité.
Il semblerait donc que les Fritkots, Friteries et Fritures belges soient bel et bien la résultante de cette contrainte et que c'est dans le cadre des riches kermesses de la Belgique en plein essor économique du 19ème que la frite développe sa belgitude.
De son côté, Pierre Leclercq a créé la surprise... Après que sa consoeur française ait effeuillé les bonnes pages de l'histoire parisienne de la pomme de terre frite (qui se présentait à l'origine sous forme de tranches de patate rissolées) sur les pavés du Pont Neuf, il a en effet dévoilé une information qui tend à réattribuer à ce jour la paternité de la frite coupée en bâtonnets à la Belgique. Il relève une mention de «pommes de terre frites taillées en petits bâtons» datée de 1859, dans un ouvrage du Français Guillaume-Louis-Gustave Belèze. Or, quatre ans plus tôt, Monsieur Fritz, le premier frituriste belge installé sur la foire, vendait déjà des frites taillées en bâtons. Dès 1840, il vendait des « vigilantes » et des « omnibus » qui étaient taillées en rondelles avant de les rebaptiser « russes » et « cosaques » comme l'atteste une publicité datant de 1855.
Ce nouvel élément tendrait à prouver l'antériorité historique belge face aux traces et/ou publications françaises plus contemporaines. Les Belges assurent également avoir amélioré la recette en pratiquant la double cuisson. Ils estiment être les vrais défenseurs de la frite car chez eux la frite a été élevée au rang d'ingrédient principal et non un simple accompagnement. Alors french fries ou belgian fries ? Le débat n'est pas clos.


Publié par L.C.



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