Formation continue : paroles de salariés

Paris (75) Ils ont accepté une formation continue. Pour perfectionner leur savoir-faire ou développer leurs connaissances. Certains ont pris du galon, d'autres pas. Mais tous sont convaincus du bienfait de se remettre en question. Ils témoignent.

Publié le 11 septembre 2013 à 17:30

Virginie Michellod : "C'est comme un cadeau !"

Elle est la seule femme dans le stage qu'elle s'apprête à terminer au Centre de formation des métiers de la gastronomie (Céproc), à Paris. "Peu importe. J'ai l'habitude. Même en formation initiale, je n'étais qu'avec des garçons." Salariée chez un charcutier-traiteur de Scionzier (74), Virginie Michellod a déjà participé à quatre stages de formation continue depuis qu'elle a été embauchée en 2006. "Cela faisait partie de mon contrat : mon patron m'a proposé un CDI à condition que je suive des stages régulièrement." Elle a accepté, d'emblée. Sans hésiter. "J'ai pris cela comme un cadeau, confie-t-elle. Car c'est une occasion unique de me frotter à un autre environnement, découvrir de nouvelles façons de travailler et d'appréhender les produits, de rencontrer d'autres confrères." Sur les six salariés de la boutique où elle travaille en Haute-Savoie, elle est la seule à venir en stage. Du coup, elle en repart des idées plein la tête : "À mon retour, je vais faire des propositions pour renouveler nos créations. J'ai été séduite notamment par le gâteau de crêpes, ainsi que par les éclairs au crabe et fruits de la passion." Des suggestions qu'elle imagine aussi bien en boutique que pour chez elle : "Les recettes sont faciles à refaire et peu coûteuses." Idéal pour ce cordon bleu, qui s'interroge tout de même sur comment gérer sa profession : "Je commence tous les matins à 6 h 30" - et la famille qu'elle aimerait fonder.

 
Josto Picot : "J'avais 35 heures de cours par semaine"

Il vient de Madagascar. Là-bas, il a été formé à la cuisine sur le terrain. Suivant les traditions, les cultures locales, avec les produits du pays. Arrivé en France, il voulait décrocher son CAP de cuisine, "car les bases de la cuisine française sont très différentes des miennes", explique Josto Picot. Commis dans un restaurant du VIIIe arrondissement de Paris, il demande un CIF. On le lui refuse. En juin 2012, il claque la porte de l'établissement et décide de financer lui-même sa formation. Josto Picot a 30 ans et quelques économies en poche. Sur le moment, sa prise de risque est telle, qu'il semble toujours ne pas la réaliser aujourd'hui. "Je voulais me former. Je voulais apprendre." Il sollicite le Greta des métiers de l'hôtellerie et s'inscrit en CAP au lycée Belliard, dans le XVIIIe arrondissement. Là, il cumule l'enseignement des matières générales et professionnelles, n'ayant pas de diplôme de l'Éducation nationale. Le rythme est lourd, intensif : 35 heures de cours par semaine. Mais Josto Picot s'accroche et décroche un stage de 14 semaines dans les cuisines du Pullman Montparnasse. Une chance qu'il sait saisir. Pâtisserie, buffet froid, cantine du personnel… il touche à tout, ne rechigne contre rien. Résultat : son CAP à peine en poche, le Pullman a transformé son stage en embauche. Un CDI pour celui qui a osé tout plaquer pour se former.

 
Nicolas Glotin : "La formation continue m'a ouvert les portes d'un concours national"

C'est au centre de formation continue du lycée des métiers Sainte-Anne, à Saint-Nazaire (44), qu'il a suivi une mention complémentaire cuisinier en dessert de restaurant. Nicolas Glotin a voulu mettre toutes les chances de son côté en perfectionnant son savoir en pâtisserie. "Mon oncle est pâtissier à Nantes (44) et, dès mes 14 ans, j'ai travaillé pour lui." Cette formation supplémentaire était donc perçue par le stagiaire de 19 ans comme "une chance d'avoir un bagage en plus". Hasard ou pas, cette formation lui a également permis de participer au Championnat de France du dessert, en février dernier à Talence (33). C'est là qu'il a été repéré : "Un membre du jury m'a sollicité quelques jours après le concours pour me proposer d'intégrer la maison Ladurée, à Paris." Nicolas Glotin a dit oui tout de suite et, depuis cet été, il a posé ses valises dans la capitale. "Si je n'avais pas fait cette mention complémentaire, par le biais de la formation continue, je ne serai pas chez Ladurée aujourd'hui." Ajoutons à cela le souvenir d'un esprit d'équipe durant cette formation, qui l'a beaucoup marqué : "Nous n'étions que cinq dans cette promotion mais nous étions tous soudés, pour réussir, pour nous surpasser."


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Publié par Anne EVEILLARD



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