Dans un secteur déjà éprouvé par la pandémie, les inquiétudes concernant le recrutement dans les restaurants émergent à l’ère post-Brexit. En effet, suite au départ d’un certain nombre de citoyens européens du Royaume-Uni, le secteur de la restauration - qui repose, pour plus d’un quart, sur la présence de travailleurs nés à l’étranger - appréhende la suite. D’autant que pour pouvoir embaucher des étrangers désireux de s’installer outre-Manche, les restaurateurs devront désormais sponsoriser eux-mêmes la venue de leur employé potentiel. Il faut compter jusqu’à 1 476 £ de frais (environ 1700 €), annonce le site du gouvernement britannique, faire accepter le dossier (il n’est pas garanti qu’il le soit), et ne sponsoriser que des candidats de niveau managérial, ce qui exclut les serveurs, par exemple).
Dans ces conditions, le recrutement va devenir “un problème majeur”, analyse Jeremy King, le PDG de Corbin & King (un groupe de restauration comprenant neuf établissements à Londres, dont The Wolseley). “Les travailleurs européens apportent beaucoup au Royaume-Uni” ; non seulement leur compétence, mais aussi “cette culture, cette expertise” de la restauration et de l’hospitalité, relève-t-il. Or, désormais, “ce sera très compliqué de les faire venir. Ceux qui viendront quand-même seront plutôt des touristes, qui resteront avec un visa touristique de six mois. Bien sûr, c’est trop court pour nous”.
Vague de départs de travailleurs européens
Si ses établissements ne sont pas concernés actuellement par le manque de main-d’œuvre, dans la mesure où ils bénéficient d’une réputation suffisamment établie pour recevoir des candidatures locales, Jeremy King a toutefois constaté beaucoup de départs au sein de son groupe. “Avant la pandémie et le Brexit, nous avions 800 employés ; désormais, nous en avons 600. Or, sur les 200 employés qui sont partis, presque tous sont des travailleurs européens”, confie-t-il. De même, “notre pourcentage de travailleurs européens était auparavant de 80 % ; ce pourcentage est maintenant de 65 %.” Parmi ses employés partis depuis août dernier, 23 d’entre eux étaient Français ; “5 ont précisé qu’ils rentraient en France. Comme eux, il y a beaucoup d’Européens qui, suite au Brexit, ont abandonné leur projet de faire leur vie ici…”
Publié par Anastasia CHELINI