Sur les bancs de la faculté de biologie, Sylvia Randazzo rêve d’hôtellerie. Elle change donc de cap et suit un DUT de gestion des entreprises et des administrations, en alternance dans un hôtel. Comptabilité, relations clients, achats… Elle enchaîne les postes avant de rejoindre l’hôtel Molitor Paris, en janvier 2015, en tant qu’assistante de direction en charge de la qualité. “En intégrant Molitor, j’ai suivi des cours d’histoire de l’art en auditrice libre à l’École du Louvre, car cet établissement avait une histoire riche : cette mythique piscine art déco est devenue un lieu prisé des graffeurs après sa fermeture à la fin des années 1980”, raconte-t-elle. Six mois plus tard, la directrice artistique quitte son poste. Sylvia Randazzo la remplace au pied levé, tout en continuant à exercer son autre poste pendant un an et demi. “J’ai essayé de créer un réseau, j’ai assisté à de nombreux vernissages… Cela m’a demandé beaucoup de travail pour rentrer dans ce monde”, admet-elle.
Depuis, la jeune femme a carte blanche à Molitor sur ce chapitre. Elle sollicite des street-artistes du monde entier pour investir les 78 cabines du bassin d’hiver, exposer leurs œuvres dans le lobby ou en série limitée dans les chambres. Durant six mois, un espace de 120 m² a été transformé en atelier d’artiste, ouvert au public sur rendez-vous. Elle a même imaginé la confection de bûches de Noël à quatre mains, entre le chef pâtissier et différents artistes… Elle gère les assurances et les parties contractuelles liées aux expositions, et organise des visites commentées de l’hôtel. “Nous recevons entre 2 500 et 3 000 visiteurs par an. Cela fait découvrir le monde du street-art mais aussi, indirectement, les différentes facettes de notre établissement : le spa, la piscine, le restaurant…”, glisse-t-elle.
Son métier sert également de trait d’union entre l’art, les collaborateurs et les clients. Sylvia Randazzo essaie ainsi de développer la fibre artistique de ses collègues, à travers une newsletter, des briefings, des visites guidées de l’hôtel, des rencontres avec des artistes… “Le contact avec les clients de l’hôtel est très différent, cela ouvre d’autres possibilités d’échanges. Ce n’est plus une relation client-employé, mais un rapport plus sensible, plus humain. Certains collaborateurs se prêtent vraiment au jeu, et vont jusqu’à vendre des œuvres !”, sourit-elle.
Curiosité, passion et exigence
Julie Eugène, de son côté, vient du monde des galeries. Après des études en histoire de l’art, elle travaille comme assistante dans des galeries avant de devenir, en 2010, concierge artistique au sein du Royal Monceau - Raffles Paris. “Nous avons été les premiers à créer ce poste qui est multifacette. Je propose des visites artistiques de l’hôtel, de sa galerie d’art contemporain et des œuvres exposées dans les chambres. Je conçois une art newsletter à destination des clients, avec une sélection des événements culturels à Paris. Je peux organiser des visites privées de musées ou d’ateliers d’artistes, voire des privatisations de musées… Je gère également en partie notre librairie d’art”, détaille-t-elle. Pour occuper un tel poste, “il faut être curieux, se tenir informé de la scène artistique, qui est très mouvante, et avoir un bon réseau. Il faut être flexible, comme pour tout métier de l’hôtellerie, et s’adapter selon les demandes des clients. Enfin, il faut être passionné et exigeant, car on doit savoir de quoi on parle quand on est face à un collectionneur .” Depuis, d’autres postes comparables ont été créés chez Raffles, à Istanbul ou en Russie.
Et Sylvia Randazzo de conclure : “Beaucoup d’hôtels ont un fort aspect artistique ou historique, mais ne s’en servent pas… Pourtant, cela permet de faire voyager le visiteur. Il y a de très belles choses à organiser !”
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Publié par Violaine BRISSART
vendredi 29 octobre 2021