En 2006, elle entre au Crillon (Paris, Ier) où elle prend en charge les relations presse de l'hôtel et du chef, Jean-François Piège. Lors de son entretien d'embauche, on la prévient : "Attention, il a du caractère !" Elle a 26 ans, ne connaît rien au milieu gastronomique parisien et cherche surtout à avancer. "L'expérience a été hyper enrichissante, je n'ai cessé de perfectionner mon métier. Je n'avais personne au-dessus de moi, alors je me formais toute seule, et quand je faisais des erreurs, je les réparais. Le Crillon est un bijou : son emplacement, son histoire incroyable… Cet hôtel a changé ma vie, je m'y suis fait des amis et j'y ai rencontré l'homme de ma vie." Elodie Piège fait partie du comité de direction, non sans fierté et en apprend toujours plus sur la gestion de l'humain. Après sept ans d'activité, elle décide de démissionner. Après plusieurs mois de voyages et de missions, c'est avec celui qui est devenu son mari qu'elle a envie de créer.
Les montagnes russes de l'entrepreneuriat
Avec Clover (Paris, VIe), elle donne l'impulsion d'une cuisine simple et accessible : "Ça a tout de suite été concret et à la fois vertigineux : les crédits à la banque, les employés à gérer, le restaurant qui doit fonctionner. J'ai vite ressenti la satisfaction des résultats en observant les salariés et les clients heureux. Si les joies sont décuplées, les peines aussi, on prend tout à coeur." Deux ans plus tard, Clover Grill et Clover Shop sont inaugurés : "Tout ce qui est à la périphérie du Grand Restaurant [la table étoilée de Jean-François Piège, NLDR] s'appelle Clover. Mon idée n'est pas de décupler. On saisit des opportunités. Pour Clover Grill, il s'agit d'un coup de coeur pour la cuisson à la braise."Le bureau de la directrice d'exploitation du groupe Jean-François Piège (45 salariés) se situe au-dessus du Grand Restaurant, où elle est investie tout en étant moins visible, comme elle dit. Avec ses visites quotidiennes des quatre adresses et son attachement à l'humain, Elodie Piège entretient un véritable esprit familial dans le groupe. Mais la chef d'entreprise reste vigilante quant au climat parisien : "On a pris la décision de se développer en pleine crise économique et sécuritaire. Il y a eu des nuits où je n'ai pas dormi. On a la chance que cela fonctionne, mais je pense aussi aux autres et j'espère que les années à venir seront apaisées et dynamiques pour les artisans qui font bien leur métier."
Publié par Caroline MIGNOT