Élisabeth Borne a réuni, vendredi 17 septembre, les représentants du secteur de l’hôtellerie-restauration au ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. La ministre a expliqué aux partenaires sociaux présents qu’un certain nombre de branches étaient à la traîne du smic - comme c’est le cas pour le secteur CHR - et leur a demandé de faire un effort de rattrapage. Des indicateurs - présentant un paysage assez sombre - ont été présentés. Ainsi, 82 % des contrats signés dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, hors intérim, sont en CDD, et parmi ceux-ci, 65 % durent moins d’un mois. Des chiffres qui démontrent une précarisation des contrats très marquée. Côté turnover, il est deux fois plus élevé dans les CHR que dans le reste des secteurs économiques du pays. Et pourtant, il y a un gros problème de recrutement, avec des tensions sur le marché de l’emploi qui sont importants puisque près de la moitié des établissements du secteur connaissent des difficultés de recrutement.
43 % des salariés du secteur s’estiment mal payés
Parmi les explications figurent le niveau des salaires. Actuellement, un décrochage de 41 € existe par rapport au smic dans la branche CHR, et ce décrochage passera à 75 € au 1er octobre, suite à la revalorisation du salaire minimum. Les cinq premiers niveaux de la grille salariale du secteur vont être rattrapés par le nouveau taux horaire du smic, et il n’y aura donc plus de différence entre ces niveaux. Par ailleurs, 43 % des salariés du secteur s’estiment mal payés, alors que, toutes les branches confondues, les chiffres sont autour de 34 %. À noter que le salaire mensuel moyen dans les CHR est de 1 810 € contre 2 460 € pour l’ensemble des branches.
Deuxième point abordé par la ministre : les conditions de travail. Avec notamment la question des horaires, puisque 28 % des salariés du secteur disent avoir du mal à concilier vie personnelle et vie professionnelle, largement au-dessus des 17 % toutes branches confondues. Le fait de devoir travailler le dimanche est ce qui pèse le plus auprès des salariés des CHR, ainsi que le travail en coupure.
“Les organisations syndicales n’ont pas contesté les indicateurs évoqués”, a souligné le bureau de la ministre, qui insiste sur le fait que tous les points évoqués ne sont “pas favorables à l’attractivité du secteur”, en conséquence de quoi Elisabeth Borne “demande aux organisations syndicales de négocier vite autour de tout ce qui nuit à l’attractivité des métiers”. Le ministère rappelle également que bon nombre de salariés des CHR rejoignent actuellement la grande distribution, avec des salaires un peu supérieurs. D’autres secteurs à fort intensité de main-d’œuvre ont fait des efforts, comme c’est le cas dans les services de propreté ou de sécurité, en jouant sur les salaires, les possibilités d’évolution de carrière, les horaires de travail... C’est donc qu’il est possible d’agir. La négociation des salaires reste une prérogative des partenaires sociaux au niveau des branches, mais il n’en reste pas moins que la ministre demande un retour rapide sur la méthode et le calendrier des négociations, tant au niveau des salaires que des conditions de travail.
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Publié par Romy CARRERE