Édito du journal n° 3342 du 16-05-2013 : "Le pour et le contre"

Publié le 15 mai 2013 à 13:06
En faisant savoir, par les services de Sylvia Pinel, ministre du Tourisme (entre autres attributions), que le Gouvernement avait suivi de près les soubresauts intervenus récemment à la tête du groupe Accor, les pouvoirs publics ont ainsi manifesté leur intérêt pour un secteur d'activité jusque-là ignoré des politiques.

Une période de longue glaciation débuta lorsque Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances dans le gouvernement de Georges Pompidou, déclara haut et fort que le tourisme était "une activité de pays sous-développé" pour justifier son opposition à l'ouverture d'un Holiday Inn à Avignon. Il n'était donc que temps, malgré le militantisme de quelques rares ministres en charge du Tourisme - les plus anciens se souviennent de l'élaboration des 'comptes nationaux du tourisme' par Jean-Pierre Soisson - de considérer à sa juste valeur dans l'économie nationale un secteur reconnu pour son dynamisme dans l'investissement comme dans la création d'emplois.

Dans la lignée de son prédécesseur Hervé Novelli - à qui la profession doit une refonte profonde des normes de classement hôtelier dont la dernière édition remontait à 1986 -, Sylvia Pinel, en faisant préciser par un des ses collaborateurs que "le Gouvernement a conscience de l'importance du tourisme qui représente 8 % du PIB et près de un million d'emplois", confirme le statut d'activité majeure de l'économie nationale des professions de l'hôtellerie et de la restauration.

Si ces déclarations ne peuvent que conforter les entreprises concernées dans leur reconnaissance officielle, l'observateur attentif sinon méfiant n'éludera pas le risque qu'un volontarisme excessif ne se transforme en dirigisme de fait comme on a pu le voir récemment dans le secteur des télécoms, l'intervention négative de l'État dans la vente de Dailymotion à l'américain Yahoo! étant justifiée précisément par le 'caractère stratégique' de l'activité concernée. Or, le tourisme sous toutes ses formes est aujourd'hui un secteur également stratégique de notre économie par ailleurs mal en point.

Dans le changement de gouvernance à la direction d'Accor, l'État fut sollicité de part et d'autre afin d'orienter l'issue du conflit dans le sens des intérêts de chaque partie prenante. Espérons que ce réflexe hérité de plusieurs siècles de colbertisme aigu cède enfin à une libre gestion de toutes les entreprises accablées par le carcan de l'État.

Publié par L. H.



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