Louable intention, certes, au nom du souci de délivrer au consommateur une information loyale sur la nature de la prestation, que la représentation nationale vient d'exprimer au Palais-Bourbon. Encore faut-il essayer - car le sujet est loin d'être épuisé en dix lignes d'un amendement -, d'en définir les modalités pratiques.
Avant d'envisager une révolution dans les appellations parfois incontrôlées des cartes des établissements, n'oublions pas que ce texte doit être examiné par le Sénat, où les élus de la République interviennent fréquemment pour modérer les ardeurs législatives de leurs collègues députés, et que le Gouvernement a toujours la possibilité de valider ou de bloquer toute initiative qu'il juge incompatible avec les objectifs de sa politique.
Malgré cette incertitude juridique, l'opinion dite éclairée et les médias grand public se sont bruyamment félicités, au nom de notre incomparable exception culinaire encore plus sacrée que celle de la culture, de ce projet qui risque fort de compliquer sérieusement la tâche des restaurateurs, les principaux intéressés dans l'affaire.
Et de perturber encore davantage le choix d'une clientèle qui a forcément du mal à s'y retrouver entre les appellations de Maître restaurateur, artisan restaurateur, Restaurateur de France, Maître cuisinier, et combien d'autres patronymes plus ou moins folkloriques des multiples toques blanches des innombrables provinces de notre beau pays. Sans compter les confréries gastronomiques dédiées à l'andouillette, à la volaille de Bresse, au veau du Bas-Rouergue, à la bourride sétoise ou au cochon fermier du Périgord. Et sans avoir répondu de manière intangible et compréhensible à la lancinante question : le 'fait maison', c'est quoi ?
Publié par L. H.
jeudi 4 juillet 2013