En tant qu'administrateur de l'Hotrec, quel message souhaitez-vous faire passer à la profession à la veille des élections européennes ?
L'Hotrec, c'est 27 pays européens, 44 associations et 1.800.000 entreprises. Son objet est de peser lourdement dans les débats. Nous avons travaillé avec l'Hotrec à un programme complet de recommandations claires pour soutenir le secteur au niveau européen. Cette collaboration a abouti à un document unique européen, le Manifesto, qui est actuellement envoyé à tous les candidats aux élections européennes et pas seulement aux candidats français. Ce Manifesto est là pour leur faire prendre conscience de l'importance du secteur du tourisme et du soutien que nous attendons d'eux dans l'intérêt de l'économie européenne et des emplois. C'est une élection européenne, elle impose une réponse unitaire de toutes les organisations européennes de l'hôtellerie, restauration et du tourisme.
Si je dois résumer l'enjeu, je dirais que l'Europe mérite l'Union.
Quels sont les dossiers menés par l'Hotrec qu'il faut tout particulièrement retenir ?
Les dossiers sont divisés en deux axes de réflexions ; le premier porte sur la mise en place d'une véritable politique touristique européenne. Une nouvelle politique des visas est nécessaire afin de faciliter le tourisme en Europe. L'augmentation du tourisme devrait générer 130 milliards d'euros supplémentaires sur cinq ans et créer 2,5 millions d'emplois dans les dix ans à venir. Il faut aussi moraliser les relations avec les OTA (Online Travel Agencies) : l'Hotrec mène actuellement une lutte contre les clauses de parité imposées par les agences aux hôteliers. Il y a également le problème des 'private accomodation', les locations de meublés, qui ont connu un succès fulgurant ces dernières années. On est 2 réservation par seconde et quatre pays européens figurent parmi les cinq plus grandes destinations de ce nouveau type de tourisme : la France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne. Initié par le GNI (qui regroupe le Synhocat, la CPIH et la Fagiht) et sous l'égide de l'Hotrec, un prochain séminaire, prévu dans les trois mois, traitera de ce dossier et des pratiques en vigueur tant en Europe que dans le reste du monde. Nous devons également agir tous ensemble, au niveau européen, auprès des sociétés en charge des droits diffusion musicaux pour contenir l'inflation de ces droits. Le deuxième axe de réflexion porte sur la réglementation propre à chaque Etat membre. Il faut donner aux Etats membres la possibilité de décliner au niveau national une réglementation spécifique, je pense notamment à la fiscalité : c'est aux Etats membres de la définir, cela vaut pour la TVA comme pour toutes les autres taxes comme la taxe de séjour. En ce qui concerne la restauration, nous pensons qu'il faut laisser aux Etats membres leur liberté d'action comme le choix d'imposer ou non une taxe sur les contrôles alimentaires. Il s'agit ici de compétitivité entre les Etats membres.
Quel regard portez-vous sur le tourisme en Europe ?
C'est un secteur en plein développement et qui est source de richesses et d'emploi pour tous les pays d'Europe. Il mérite d'autant plus d'attention. Je vous en rappelle les chiffres : le tourisme en Europe, c'est actuellement 1,8 million d'entreprises, plus de 10 millions d'employés et un chiffre d'affaires de 236 milliards d'euros. En France, c'est le troisième employeur privé de l'industrie française avec plus de 875.000 salariés.
Publié par Propos recueillis par Sy.S.