“La logique a longtemps été de dépenser beaucoup pour la décoration, mais de serrer les budgets pour les tenues des équipes. Heureusement, c’est en train de changer”, constate Yvan Benbanaste, cofondateur avec Fabrice Pinchart-Deny de la maison de couture Society Room, à Paris (VIIIe). Si le duo travaille pour le grand public, il œuvre aussi pour les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration. “On nous sollicite pour un savoir-faire, des propositions de matières, un style et une créativité dans l’élégance”, résume Yvan Benbanaste. Leur production réalisée à Paris, un circuit court qui plaît de plus en plus aux clients. “Le made in France reflète les valeurs des hôteliers et des restaurateurs”, souligne celui qui a dirigé la création chez Pal Zileri, en Italie, où il a appris “à positionner la poche d’une veste au millimètre près”. La proximité permet aussi de venir voir les dessins, réaliser les essayages, choisir des couleurs, “histoire de sortir du noir et oser du gris, du beige ou encore du vert”, souligne le spécialiste du tailleur.
Faire référence au savoir-faire français est également une priorité pour Guillaume Henry. Directeur artistique de la maison Patou, il a signé les tenues des équipes de l’hôtel Cheval Blanc, à Paris (Ier). Un vestiaire qui mixe chic parisien, allure sportive et codes art déco. Côté matières, place au naturel et à la noblesse de la laine, d’un piqué de coton, d’une popeline ou crêpe georgette. Le tout guidé par The Patou Way, une approche destinée à limiter l’impact environnemental de chaque collection. La maison de couture privilégie ainsi circuits courts et matières écoresponsables, tels que le coton bio ou la laine recyclée. Un engagement qui résonne jusque chez les fabricants traditionnels d’uniformes. Un exemple : la veste de cuisine Aloïs, signée Bragard, contient du coton bio et du polyester recyclé, et elle est vendue au même prix qu'un modèle classique.
À Saint-Ouen, des uniformes estampillés made in Le Marais
Le groupe Accor recommande également des matières durables. Le groupe propose et les hôteliers disposent : asset-light oblige. La marque Mercure prône ainsi le port d’uniformes en lin et coton recyclés. Novotel préconise du polyester recyclé, des textiles certifiés biologique, du cuir végétal, du lin du encore du Tencel (Lyocell). Greet, la marque solidaire et engagée d’Accor, encourage ses équipes à adopter des tenues issues de l’économie circulaire, en matériaux éco-conçus ou matières recyclées. Quant au guide de l’uniforme, propre à Sofitel, il se réfère à un fabricant fidèle au made in France. En termes de circuit court, les équipes du Mob Hotel, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), se distinguent, elles aussi, avec des uniformes estampillés made in Le Marais. Enfin, côté chasse au gaspillage et économies, Yvan Benbanaste prévient : “Vu l’ampleur du turn-over dans l’hôtellerie et la restauration, sachez que les jupes et les robes sont faciles à ajuster pour les faire durer.” Quant aux tarifs, ils restent compétitifs chez un tailleur sur mesure, “car il n'y a pas de minimum de quantité à confectionner”. Yvan Benbanaste parle d'une moyenne de “3 à 5 tenues par poste”.
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Publié par Anne EVEILLARD