C'est ce qui s'appelle un 'choc culturel inversé'. Après avoir passé pratiquement la totalité de sa vie adulte en France, le chef américain Daniel Rose est de retour dans son pays, à New York précisément.
Mais il ne se sent pas chez lui. "Culturellement, je suis plus français qu'américain. Je suis parti en France à 19 ans pour mes études." Né dans l'Illinois, le chef de 38 ans à qui l'on doit Spring (42 places) et La Bourse et la Vie (26 places) à Paris se mesure désormais à New York. Son premier restaurant américain, Le Coucou, a ouvert ses portes le 15 juin et compte quelque 80 couverts et 85 employés (dont une trentaine en cuisine). C'est le plus grand restaurant que possède ce petit génie de la cuisine qui a étudié la philosophie en France et caressé l'idée d'intégrer la légion étrangère avant de rejoindre l'Institut Paul Bocuse. "J'ai l'impression de retourner au temps où j'ouvrais Spring. J'essaye de le faire de la même manière : en ne pensant pas trop à ce que les gens vont en penser."
Un rêve permanent
Situé dans le quartier branché de SoHo, Le Coucou et sa carte entièrement en français se veulent un hommage aux techniques apprises par cet ancien disciple de Yannick Alléno au Meurice et du triple étoilé Jean-Pierre Bruneau à Bruxelles. Pour ouvrir son restaurant, Daniel Rose s'est allié à Stephen Starr, propriétaire de plusieurs restaurants new-yorkais, dont le Buddakan.
Bien qu'à New York pour le moment, le chef garde la France dans la peau. Voire sur la peau, sous la forme d'un tatouage sur le bras où l'on peut lire en français dans le texte: "Je vis un rêve permanent." Il est venu à New York avec sa femme, Marie-Aude Mery, qui était aussi sa chef à Spring - et leurs deux enfants. Daniel Rose continue de superviser ses établissements parisiens et prévoit de faire régulièrement l'aller-retour. "Pour Le Coucou, j'ai une perspective française: je veux qu'il soit là dans vingt-cinq ans. Pierre Gagnaire m'a dit un jour que son plus grand génie avait été de durer. Mon but est le même."