Il y a neuf mois environ, Didier et Sandra Goiffon quittaient leur restaurant étoilé La Marelle, situé aux portes de Bourg-en-Bresse (Ain), pour s’installer à une trentaine de kilomètres, à Replonges, afin de reprendre La Huchette, un hôtel-restaurant de 14 chambres. Les gérants avaient alors investi 1,5M€ dans la rénovation de cette belle ferme de caractère dans le but d’en faire une étape gastronomique et développer une activité hôtelière. En janvier dernier, le chef Didier Goiffon avait même regagné son étoile au Michelin. Mais l’épidémie de Coronavirus a stoppé net leur projet d’une vie.
“Le démarrage de l’activité avait été difficile, mais avec l’étoile regagnée, les réservations qui s’enchaînaient pour ce printemps et les réceptions de mariage, on était sur la bonne voie. Mais du jour au lendemain, tous nos espoirs se sont effondrés”, explique avec dépit Sandra Goiffon. Les gérants sont, en effet, confrontés à de graves difficultés financières puisqu’ils n’ont pas de trésorerie d’avance.
“On ne peut plus payer les salaires de nos 14 employés qu’on a dû mettre au chômage technique, on a encore des fournisseurs à payer, des charges courantes, les prêts… Mais c’est impossible, nos comptes vont bientôt être bloqués. Nous sommes anéantis”, se désole la gérante.
De nombreux obstacles
Pour s’en sortir, Sandra Goiffon se débat mais doit faire face à de multiples murs. “J’ai fait la demande pour obtenir les 1 500 € auxquels les indépendants ont droit, mais j’attends toujours une réponse. De même, je n’arrive pas à joindre ma banque dans l’espoir d’obtenir le prêt de Bpifrance. Au fond, les démarches me semblent beaucoup plus compliquées qu’on veut nous faire croire. J’ai dû contacter le médiateur de la Banque de France pour jouer le rôle d’intermédiaire. Même mon assureur m’explique ne rien pouvoir faire pour nous, car on est trop nombreux à être dans la même situation”, explique Sandra Goiffon.
Pour le couple, l’avenir s’assombrit de jour en jour, avec en perspective un possible dépôt de bilan. “Il nous faudrait 300 000 € pour sauver l’entreprise. Et même si le confinement prend fin, on n’est pas certain de voir l’activité reprendre. D’autant qu’on comptait beaucoup sur les touristes étrangers, comme les Allemands. Avec cette crise, ils ne vont pas redescendre en France cet été. Nous sommes vraiment écœurés. Après avoir travaillé toute une vie et investi pour créer des emplois, j’ai l’impression qu’on nous abandonne. Les entrepreneurs sont sacrifiés, on est les grands perdants. Alors qu’on a cotisé toute notre vie, payé les charges... J’entends beaucoup de confrères de ma génération dirent qu’ils vont arrêter ce métier. La situation est dramatique. Heureusement, on trouve un peu de réconfort auprès du collectif Resto Ensemble qui rassemble hôteliers et restaurateurs. À plusieurs, on sera forcément plus forts”, conclut l’hôtelière.
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Publié par Stéphanie Pioud
mardi 7 avril 2020