Se remettre en question, pour mieux recruter
S'engager pour la croissance demande une remise en cause, un état des lieux. Le GNI s'est volontairement focalisé durant ses travaux sur la problématique de l'emploi. 118 000 postes non pourvus en 2017 d'après le syndicat et seulement 1 apprenti sur 4 est encore dans le secteur trois ans après sa formation. D'autres filières comme la boucherie ont pourtant réussi à modifier la donne. Le sociologue Michaël V. Dandrieux, résume : « l'entreprise n'est plus pourvoyeuse, elle est vécue comme prédatrice ». La nouvelle génération veut faire «une carrière qui lui plaise », à l'intérieure de laquelle « le travail est une valeur marginale ». La nouvelle génération n'aspire pas à rester cinq ans ou dix ans au même endroit. Plus compliqué encore, les 17/21 ans « bossent pour comprendre pourquoi ils existent ». Une révolution à laquelle il faut s'adapter, en « produisant de la relation », en créant de nouvelles raisons de participer à l'entreprise. L'enquête réalisée auprès des entreprises adhérentes du GNI –Synhorcat et GNI-Conseil des Territoires et principalement situées en Ile-de-France, dans les Pays de Loire et la Nouvelle Aquitaine, sur le premier semestre 2017, dresse ce constat : 80% des interrogées ont recruté au moins 3 salariés mais, dans le même temps, 63% ont dû faire face à, au moins, 3 départs. Un turnover toujours plus marqué en salle. « Selon nos entreprises, les postes vacants se justifient majoritairement par le manque de candidature au poste proposé, vient en deuxième position le critère du manque d'expérience » explique le GNI. La pénurie d'emplois touche 50% des entreprises interrogées. Et le phénomène se ressent sur la masse salariale avec « des augmentations des heures supplémentaires qui engendrent fatigue, risque d'accidents et départs ». L'embauche « de main-d'oeuvre sans qualification engendre de son côté une baisse de la qualité de service, un accompagnement plus conséquent dans l'intégration au poste, davantage de formation ». Il influe également sur l'activité avec des baisses de chiffre d'affaires et des tensions au sein des équipes. Certaines entreprises parviennent cependant à garder ses salariés en modifiant les horaires de travail, en jouant la flexibilité (pour 25% des entreprises), en augmentant les salaires au-delà des augmentations habituelles (pour 24%) ou encore en améliorant les conditions de travail (santé/sécurité). « Nous devons séduire et donner envie » a conclu Vincent Sitz, président de la commission emploi, formation & Handicap du GNI. Pas simple.
Publié par Sylvie SOUBES