Retour vers le futur. Un petit voyage en Provence en 2100 vous tenterait-il ? Au tournant du XXIIe siècle, “les températures marseillaises devraient augmenter de + 1,6 °C à 5 °C, selon les mesures plus ou moins radicales prises d’ici là”, pointe Joël Guiot, directeur de recherche émérite au CNRS, contributeur au GIEC et co-président du GREC-SUD (groupe régional d'experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur). Inondations, vagues de chaleur et incendies se multiplieront. Certaines années, l’eau pourrait venir à manquer dans les Bouches-du-Rhône, conduisant à des conflits d’usage entre touristes, agriculteurs et autochtones. La biodiversité sera plus menacée. Sans oublier l’élévation du niveau de la mer, qui amènerait à déplacer un village camarguais comme Les Saintes-Maries-de-la-Mer…
Ce scénario semble lointain ? Pourtant, les premiers symptômes se font déjà sentir. “2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée pour la planète, c’est la première à dépasser le seuil symbolique de 1,5 °C de réchauffement, et même les 2 °C à Marseille. La Méditerranée se réchauffe beaucoup plus vite que les autres océans, et Nice a déjà eu 30 nuits tropicales en 2024”, poursuit l’expert.
Anticipation et sensibilisation
Pour anticiper ces changements et mettre en place des stratégies territoriales au plus vite, Antoine Nicault (directeur de l’association AIR Climat, coordinateur et animateur du GREC-SUD) préconise une “coopération large et trans-sectorielle” et une “sobriété concernant l’énergie, l’eau et le foncier”. Rénovation thermique, énergies renouvelables, constructions bioclimatiques, végétalisation des extérieurs, mobilité décarbonée, limitation de la fréquentation des espaces naturels, alimentation locale et de saison à dominante végétale et bio, viande locale provenant d’élevage extensif ou pêche responsable font partie des solutions énumérées par l’expert.
Face à ces enjeux, Provence Tourisme prône un “tourisme des quatre saisons”, soutient les hébergements des Bouches-du-Rhône dans leur démarche de labellisation écoresponsable Clef Verte et les restaurateurs pour l’obtention du label Écotable… De son côté, Vincent Gaymard, directeur général du Sofitel et Novotel Marseille – Vieux-Port, multiplie les initiatives : labels Clef verte et Breeam In-Use, démarche zéro plastique à usage unique, boîtier ludique LuniShower et mousseurs pour limiter la consommation d’eau, suppression des baignoires, approvisionnement local et de saison, douze flux de tri, adoption de LED et détecteurs de mouvement dans les couloirs… “La sobriété est le sujet numéro 1 de notre groupe. On essaie d’être pédagogique, mais il y a la réalité client. Par exemple, des clients qui réclament la climatisation dès le mois d’avril… Il ne faut pas donner l’impression de les punir, note-t-il. Il faut aussi réfléchir à la mobilité de demain. Mais sans avion, on ferme les hôtels.” Une délicate équation à résoudre.

Publié par Violaine BRISSART