Natif de Loire-Atlantique, Christian Têtedoie n'a jamais regretté son choix de s'installer à Lyon, la 'capitale des Gueules' comme l'avait si joliment baptisée Paul Bocuse. "C'est vraiment magique. Je me sens gâté par la vie car je ne pensais pas faire un tel parcours", glisse celui qui, le 5 octobre 1987 ouvre à Lyon avec son épouse le restaurant portant son nom sur le quai Jean Moulin, à deux pas du Rhône. Trois ans plus tard, il déménage côté Saône où il décroche, en mars 2000, une étoile qui brille toujours dix-sept ans après, dans son restaurant actuel.
Le chef ne se lasse pas de vanter les mérites de sa chère ville de Lyon. "Quand je suis arrivé, tout m'a séduit. Les produits, la culture pour la gastronomie. Les Lyonnais sont vraiment gâtés, car la ville est une grande école de la cuisine. Aucun doute, je me sens ici chez moi. Les gens nous portent. J'ai de très bons retours quand je me promène en ville, on sent une sympathie et un respect pour le travail réalisé", confie celui qui préside désormais aux destinées des Maîtres Cuisiniers de France.
Est-ce à dire que Lyon reste la 'capitale mondiale de la gastronomie' ? "Lyon est une ville gourmande et il n'y a aucun doute là-dessus. Ici, on parle toujours des restaurants. Cela fait partie de la culture. Un tel dynamisme autour du sujet donne une place à part à la ville."
Présent sept jours sur sept
Depuis son installation en mars 2010 dans le quartier de l'Antiquaille, sur les hauteurs de Fourvière, il a développé son offre au fil des ans, avec les ouvertures de Flair, Arsenic, Gastro Pub et la reprise de La Voûte-Chez Léa (où il est associé à Christian Morel), même si sa maison mère reste prioritaire. "Simon Huet, mon chef exécutif et associé, se charge des autres adresses et les supervise. Moi je reste ici avec le souci de ne pas m'éparpiller. L'important, c'est donc ma maison où je m'efforce d'être présent à tous les services, sept jours sur sept. Et je constate une progression depuis que j'ai fait ce choix." Il peut compter sur une garde rapprochée fidèle : outre Simon Huet, Christophe Carlier, chef de cuisine, Christophe Tuloup, chef pâtissier, Mathieu Chausseron, directeur de salle, et Tristan Picot, chef sommelier.
"Comme moi, ils savent que le patron, c'est le produit. Même si nous pouvons nous ouvrir, nous restons sur des bases classiques avec, avant tout, la maîtrise des cuissons et des sauces. Et nous allons devenir producteurs de nos légumes sur les hauteurs de Collonges-au-Mont-d'Or où je viens d'acheter un terrain."
Trente ans donc à Lyon d'où il ne partira plus et où ses enfants Maxime, qui travaille avec sa mère au Café du Peintre, Jeff, qui dirige la manoeuvre au Café Terroir Célestins, et Léa, étudiante à l'Institut Paul Bocuse, sont désormais implantés. "Ils ont choisi leur voie même si j'ai tout fait pour qu'il fassent autre chose. Pour que ce soit un vrai choix dont je suis fier et qu'ils prennent ce plaisir : Jeff, je me revois quand j'avais son âge", livre-t-il ému. "Ils sont impliqués dans leur travail avec beaucoup de rigueur", dit encore ce Lyonnais qui, en avril 2018, devrait ouvrir une nouvelle affaire rue Bugeaud. Dans sa chère ville…
Christian Tetedoie
Publié par Jean-François MESPLÈDE