Mais le chantier n'est pas de tout repos. Le bâtiment, qui date de 1789, se trouve dans le quartier Mazarin, très réglementé, et tous les travaux sont supervisés par les Bâtiments de France. Un premier problème se pose avec la hauteur du bâtiment : pas question de le surélever, alors qu'il possède un étage de moins que ceux qui lui sont contigus. Grâce à une gravure de 1795 retrouvée dans les archives représentant les maisons toutes au même niveau, Laura Juhen parvient à débloquer la situation auprès des Bâtiments de France.
L'obtention de l'accréditation pour la rénovation de la façade vient également d'une recherche spécifique de couleur. "L'architecte en chef des Bâtiments de France a tenu à peser lui-même l'ocre entrant dans la composition de la peinture pour s'assurer de la fiabilité de la couleur", raconte la gérante de l'établissement.
Deux mois avant l'ouverture, le mobilier se casse
Vinrent ensuite les problèmes liés à la fabrication du mobilier et des baignoires. "Nous avions décidé d'importer du teck ancien de 400 ans d'âge. Une partie du bois a été entreposé à l'intérieur de la maison pour prendre l'hygrométrie du lieu mais une autre partie a été déposée à l'extérieur. Deux mois avant l'ouverture, l'intégralité du bois resté à l'extérieur s'est brisé en deux, à cause de la différence d'hygrométrie." La fabrication des baignoires a également été accompagnée de complications. Conçues en Chine, elles pesaient trois fois plus lourd que celles commandées. Les fabricants avaient inversé les proportions, réalisant des baignoires composées à 70 % de pierre et 30 % de résine. Il a fallu sept personnes pour les porter jusqu'aux salles de bains, "et cela nous a obligés à consolider les planchers, car chaque baignoire pleine d'eau pesait une tonne !" Malgré les déconvenues, Laura Juhen reconnaît que l'aventure lui a été utile. Désormais, elle prévoit toujours 20 % à 30 % de dépenses supplémentaires pour une rénovation, et des délais plus longs, surtout dans des secteurs sauvegardés.
Publié par Catherine AVIGNON