"Ils offraient des verres, se servaient les bonnes bouteilles"
"Au bout de dix jours, ils nous ont dit qu'ils voulaient racheter notre affaire", se souvient Hubert Mossler avec amertume. L'Hôtel du parc est en vente depuis le début de l'année à 200 000 €, mais les intéressés sont rares. "Ils ont appelé leur banque devant nous. Ils assuraient pouvoir payer comptant." Les futurs acquéreurs rencontrent le comptable de l'entreprise, ainsi que le notaire pour préparer la vente, qu'ils veulent conclure le 1er juin. Hubert Mossler lance donc la série des diagnostics : électricité, amiante, assainissement...
À partir de là, les futurs acheteurs prennent leurs aises. "Ils nous ont demandé de les laisser gérer l'établissement pour prendre contact avec la clientèle. Ils offraient des verres, se servaient les bonnes bouteilles, mettaient leur nez en cuisine, dirigeaient la femme de chambre..." Les cinq employés de l'établissement sont perturbés. Hubert Mossler laisse faire, mitigé. "J'essayais de ménager la chèvre et le chou", reconnaît-il, embarrassé. "Mais ils ont fait passer des entreprises, contacté les bâtiments de France pour savoir comment repeindre la façade, rencontré notre avocat pour rédiger les nouveaux contrats de travail des salariés... On y croyait vraiment !"
Une ardoise de 5 000 €
Puis vient le couac. La signature du 1er juin ne peut avoir lieu car les repreneurs n'ont fourni aucun des papiers demandés. Ils jouent les offusqués et partent le lendemain, après avoir réglé leur note de 2 000 € avec un chèque au nom d'une société disparue depuis 2012. Hubert Mossler porte plainte dès qu'il s'en aperçoit, le 3 juin. Mais sans aucune autre information que les noms des escrocs, qui sont faux, difficile de les retrouver. Entre les frais d'hôtel, de repas, de téléphone et des diagnostics engagés pour la vente, l'ardoise du jeune couple s'élève à 5 000 €. "Ils ont profité de notre âge et du fait qu'on voulait vendre ! On va mettre plusieurs mois à s'en relever. Je n'aurais jamais imaginé ce genre d'arnaque", confie, écoeuré, l'hôtelier.
Ce ne sera pourtant pas la dernière fois qu'il en entend parler : trois semaines plus tard, il est appelé par la gendarmerie de Saint-Dizier, à 30 km. D'autres hôteliers ont été victimes du même abus, mais il ne s'agirait pas des mêmes coupables. Dans l'escroquerie comme dans l'hôtellerie, y aurait-il aussi des tendances ?
Publié par Lucie DE GUSSEME