Billet d'humeur

Publié le 14 juin 2013 à 20:48
Avec une nouvelle augmentation du prix du tabac au 1er juillet, on est en droit de se demander si le gouvernement n'a pas restauré la peine de mort au profit des buralistes. Car voudrait-on faire disparaître ces collègues et amis (la plupart ont en effet parallèlement une activité de débit de boissons) que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Les effets de ces augmentations à répétition nous les connaissons tous : chute des ventes de cigarettes et par voie de conséquence des revenus des buralistes, aggravation du volume des ventes transfrontalières, organisation de trafics en tous genres et de marchés parallèles et développement des produits de contrefaçon.

Quant au projet du gouvernement d'interdire l'usage de l'e-cigarette dans les lieux publics, nous sommes, là-encore devant une véritable aberration. En effet, avec ce produit de substitution une solution avait semble-t-il été trouvée, qui visait à réduire, voire à supprimer totalement, l'usage de la nicotine dans un article qui n'avait plus de cigarette que le nom. En toute logique les fumeurs allaient enfin pouvoir retrouver une certaine liberté  « d'en griller une » dans les lieux publics, tout en préservant la santé publique de chacun. C'était sans compter avec le puissant lobby anti-tabac qui, au détriment de toute étude scientifique, prétend que l'e-cigarette constitue un risque sanitaire lié au tabagisme passif.

A n'en pas douter les Saint-Just et autres Robespierre de la réglementation ont de beaux jours devant eux et le couperet de la guillotine sera bientôt le seul à ne pas chômer.

Les cafés et les bars-tabacs sont parmi les derniers commerces encore existants dans la plupart des communes rurales. Ils disparaissent à vitesse grand V, à l'image de tel ou tel département de province, où, si l'on s'en tient aux seuls buralistes « partis à 320 en 2000, ils n'étaient plus que 280 en 2013 » ! Et malheureusement ces chiffres sont encore plus dramatiques en ce qui concerne les débits de boissons soumis à une réglementation de plus en plus draconienne.

A la veille de la Seconde Guerre mondiale sait-on que la France comptait 500 000 bistrots pour 36 000 communes et qu'aujourd'hui certaines mairies sont souvent confrontées à la disparition de leur dernier débit de boisson. Personne n'ignore pourtant l'importance des cafés en tant que lieu social, créateur de lien social, et acteur économique dans le cadre de l'aménagement du territoire.

A l'évidence, certains rêvent pour nous d'une France idéale, sans tabac, sans alcool, une France où nous ne boirions que de l'eau, ne mangerions aucune graisse ni sucrerie et où nous mourrions tous en bonne santé. Bien sûr, sans n'avoir jamais goûté à aucun plaisir de la vie. Du temps d'Adam et Eve, il y avait dit-on les fruits défendus, aujourd'hui « qu'est-ce qui n'est pas défendu ? ». A quand un Etat qui cessera de vouloir faire notre bonheur malgré nous et qui se contentera d'administrer efficacement notre société ? Qui cessera ses intrusions permanentes dans la sphère de la vie privée de ses citoyens pour ne se préoccuper que du seul bien public ? Comme l'impôt, trop de réglementation tue la réglementation et à continuer d'agir ainsi, un jour viendra où le combat cessera faute de combattants.

Publié par Gérard Guy, président confédéral de la CPIH



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