Il y a douze ans, Benoît Vidal découvre Val d’Isère (Savoie). Le chef catalan tombe sous le charme de la station et d’une petite bâtisse rustique, à l’entrée du Col de L’Iseran. Les lieux ont besoin d’un grand coup de neuf, mais cela ne rebute pas Benoît Vidal. Le propriétaire, Jacques Leprivey, en a hérité de son grand-père. “Il m’a toujours dit qu’un jour je serai propriétaire, qu’il me donnait sa parole de savoyard !”, raconte le chef.
Pendant des années, Benoît Vidal s’investit sans compter dans ce qu’il considère comme sa future maison. Au fil des ans, L’Atelier d’Edmond, son restaurant, grandit, se transforme. La cuisine de Benoît Vidal séduit. Une première puis une deuxième étoile distinguent la maison. Les clients affluent. Il faut dire que la station évolue et devient à la mode, les prix de l’immobilier flambent. Val d’Isère devient la station la plus chère au mètre carré des Alpes. En janvier dernier, Benoît Vidal est heureux : il a atteint son but. Il annonce publiquement le rachat du fond de commerce. L’Atelier d’Edmond deviendra la Maison Benoît Vidal.
Un nouveau chapitre
“J’arrivais à un stade où je devais prendre des risques, explique le chef. Je voulais être libre à 100 % pour exprimer ma singularité.” La joie sera de courte durée. Début mai, le propriétaire casse sa promesse morale. Il cède à la pression des promoteurs qui lui proposent 9 M€. Benoît Vidal ne peut pas suivre. Alors, malgré la main tendue de Jean-Michel Bouvier, chef étoilé à Tignes, et de bien d’autres, il préfère partir, écœuré. “C’est très douloureux, quand on s’investit pendant douze ans. Je perds tout, car me suis toujours payé au ras des pâquerettes. J’ai pris une sacrée baffe.”
Le chef a dressé ses dernières assiettes en larmes. Ses clients, et son équipe l’ont applaudi. Benoît Vidal, combatif, redresse déjà la tête. Il a des projets. “C’est par les blessures que se crée la lumière. J’ai pris conscience de ce que je ne voulais plus. Je quitte Val d’Isère. Il vaut mieux prendre un chemin personnel, sans aucun associé et se battre pour les siens. Je préfère conjuguer le verbe être au verbe avoir.” Le chef visite des lieux ou il pourrait enfin être chez lui, en Savoie. Les stations, il n’en veut plus, trop bling bling. “Mon métier, ce n’est pas ça. Pour moi, ce n’est pas la fin du livre, c’est la fin d’un chapitre.”
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Publié par Fleur Tari
vendredi 19 mai 2023