En 2002, les 45 restaurateurs du port de Saint-Laurent-du-Var (06) sont condamnés par le tribunal administratif pour extensions abusives sur la zone publique du port. Ces extensions abusives comprennent l'intérieur des restaurants ainsi que leurs terrasses, la zone autorisée étant totalement occupée dans la majorité des cas par les cuisines des restaurants. La condamnation implique donc une destruction des terrasses et surtout des astreintes quotidiennes dont le montant varie et atteint plus de 300 € selon les cas. Depuis ce jugement, confirmé en appel, les astreintes courent, mais n'ont jamais été réclamées… jusqu'en juin 2012. Résultat : certains restaurants dont le Moorea, doivent plus d'un million d'euros d'astreintes. Si certains comme le Bistrot des Halles ont déjà fermé leurs portes, la plupart des restaurateurs sont fatalistes et estiment qu'ils devront se déclarer en faillite dans les deux à trois années qui suivent.
400 emplois menacés
Les restaurants du port de Saint-Laurent-du-Var représentent plus de 400 emplois et 44 % du chiffre d'affaires du Yacht Club International de Saint-Laurent-du-Var qui en a la gestion. Autant dire que la fermeture des restaurants les uns après les autres signe la désertion des plaisanciers qui vont sans doute voir leurs charges augmenter, et c'est tout un pan de l'économie locale qui risque de disparaître. La situation est d'autant plus inquiétante pour la plupart des employés des restaurants du port qui sont présents depuis parfois plus de vingt ans et qui s'inquiètent grandement du devenir de leurs emplois, jusqu'à en parler quotidiennement.
Le maire de Saint-Laurent-du-Var a bien tenté de changer la donne, mais rien n'y fait. Même en proposant un nouveau plan d'occupation des sols, les investissements nécessaires pour que les restaurateurs se mettent en conformité avoisineraient les 400 000 € pour les plus grosses structures. Christian Estrosi, président de la métropole Nice-Côte d'Azur, concessionnaire du port, bataille contre cette décision, mais rien n'y fait. Il est aussi difficile d'en savoir plus du côté de la préfecture où les langues restent liées.
Pour ajouter à leurs difficultés, les restaurateurs subissent une conjoncture difficile. Les travaux effectués récemment par le Yacht Club ont fait fuir la clientèle. Le stationnement, désormais payant, a créé une polémique, alors même que la clientèle du port est majoritairement locale. Certains résistent, en proposant un stationnement gratuit, mais ils avouent ne plus pouvoir lutter contre les restaurants du bord de mer, mieux lotis et plus accessibles. La situation est aujourd'hui au point mort. Les huissiers commencent à se manifester alors que les restaurateurs ne peuvent pas régler les sommes importantes qui leur sont réclamées…
Publié par Vanessa GUERRIER-BUISINE