L’Hôtellerie Restauration : Quelles sont les raisons qui vous ont amené à créer Once in a Lifetime ?
Toute crise crée des restructurations. Après les attentats du 11 septembre, nous avons constaté à l’échelle internationale que les gens privilégiaient la sécurité, mais aussi l’anonymat. La crise sanitaire apporte avec elle d’autres contraintes. Nous avons également observé que les clients privilégiaient les hôtels de taille moyenne, allant jusqu’à 100 clés. De plus, je pense que lorsqu’un groupe devient trop important, il devient difficile à gérer. Avec Olivia [Le Calvez, NDLR], nous avons donc décidé que notre association irait jusqu’à 100 membres au maximum.
Pouvez-vous préciser quelles sont les spécificités de cette nouvelle marque ?
L’un des critères essentiels pour nos futurs membres sera la taille des chambres, qui devra être de 30 m2 au minimum. En revanche, l’aspect culinaire ne sera pas essentiel. C’est une chaine volontaire : Olivia et moi sommes propriétaires et actionnaires majoritaires. Cela nous permet de gérer la vitesse à laquelle nous voulons aller.
L’un de nos axes de différentiation sera de procéder à une étude financière de chaque membre, avec une pré-analyse des candidatures, et de comprendre quels sont ses objectifs financiers. Nous établirons ensuite une projection financière en toute transparence vis-à-vis de nos partenaires, pour partir d’un bon pied dès le début de la collaboration et avoir des relations à long terme. Nous travaillerons sur des contrats de trois ans renouvelables, avec une année probatoire pour les deux parties. Chaque partie pourra arrêter le contrat si elle le souhaite et ce, sans pénalité. Nos équipes devront continuellement mériter la confiance de nos partenaires.
En plus de l’analyse financière préalable que nous ferons avec les propriétaires, nous pourrons les aider plus loin dans leur politique tarifaire et dans leur yield. Nous avons en outre notre société de presse et d’autres soutiens, notamment en matière de commercialisation digitale.
Nous tenons aussi à nous démarquer sur le côté qualitatif : je veux faire de ce petit groupe la chaîne du plus haut niveau en matière de luxe. Nous allons donc soutenir les propriétaires dans leur démarche qualitative.
Quels sont les hôtels affiliés actuellement ?
La Villa Clarisse, sur l’île de Ré, est le premier hôtel affilié à Once in a Lifetime, et nous annoncerons quatre à cinq nouveaux hôtels d’ici juillet. Nous visons huit membres d’ici à la fin de l’année. En 2022, nous aimerions signer entre quinze et vingt affiliés.
C’est une chaîne mondiale : nous voulons être présents partout, mais avec des accords d’exclusivité : par exemple, il n’y aura qu’un hôtel Once in a Lifetime à Bordeaux, peut-être seulement deux à Paris. Car l’idée de notre chaîne, c'est de dire aux clients : voilà des hôtels et des destinations que vous devriez découvrir au moins une fois dans votre vie. Il ne peut donc pas y en avoir plusieurs sur une même destination.
La période de crise sanitaire bouleverse le secteur de l'hôtellerie. Quelle est votre analyse pour les prochains mois ?
Dans les grandes métropoles comme Paris, il n’y aura pas de retournement de situation avant juillet. Mais aujourd’hui, je suis inquiet avec le variant anglais parce que les Anglais n’arrivent à le contenir. D’un point de vie économique pour le secteur de l’hôtellerie, l’État fait un excellent travail pour soutenir les petites et moyennes entreprises. D’un point de vie sanitaire, on a tout de même le sentiment d’avoir toujours une longueur de retard. Il aurait fallu prendre des mesures plus strictes dès Noël. Il est difficile pour nous de penser qu’il y aura des vols en provenance des États-Unis, et ce pays sera le curseur qui débloquera la situation pour Paris. Les deux à trois prochains moins sont fichus, mais à partir de mai, cela devrait aller mieux. Je pense que cette crise va s’étendre sur deux à cinq ans. Il faut donc que l’hôtellerie s’adapte aux nouvelles façons de voyager et aux nouvelles conditions sanitaires.
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Publié par Roselyne DOUILLET