"Nous enregistrons une baisse de -30 % du chiffre d'affaires depuis les attentats du vendredi 13 novembre", constate, malheureusement, Stéphane Layani, président-directeur général de la Semmaris, société gestionnaire du Marché d'interêt national (MIN) de Rungis. Samedi au petit matin, soit quelques heures après la tragédie, le plus grand marché au monde en produits frais ouvrait ses portes dans une ambiance largement moins festive qu'à son habitude. Les allées étaient clairsemées. Les grossistes, artisans, producteurs n'ont "jamais" vécu un week-end comme celui-là tant leurs marchandises n'avaient pas été écoulées.
"C'est un cercle vicieux, admet le grossiste Hi Paviadis. On travaille avec ceux qui font les marchés, or une décision préfectorale a décidée leur fermeture unilatérale à Paris et proche banlieue. S'ils n'ont plus d'activité, c'est la même chose pour nous puisqu'ils s'approvisionnent à Rungis. Le lundi, on avait de la marchandise sur le dos. Il a fallu ajuster les achats pour les autres jours. On préfère privilégier la grande distribution, qui eux sont restés ouverts, aux artisans. C'est une question de lobbying. Soit on résiste ensemble, soit rien du tout !" Un coup de gueule qui fait suite à une baisse d'activité de - 35 %. Cette entreprise approvisionne aussi les restaurateurs à Paris. "Mais, selon les arrondissements, ils ont également été impactés, poursuit-il. L'un de mes client au Trocadéro, qui réalise - 40 à - 50 % de son chiffre d'affaires, fait ce constat : les gens veulent être livrés à leur bureau le midi, et ils ne sortent pas le soir".
Visites suspendues pour les particuliers
Quant aux 20 restaurants intrinsèques à Rungis, ils soulignent une
autre difficulté. Au-delà de la baisse de fréquentation des restaurateurs,
traiteurs ou professionnels du marché, les visites de Rungis pour les particuliers ont elles aussi été suspendues. Nadège Carlu, responsable Au Veau qui
tête, établissement situé au sein du pavillon triperie, témoigne : "Tous les groupes ont annulé leur
réservation. On avait prévu des extras, que l'on devra payer in facto. Ces
aléas représentent 1000 € de perte par jour Au veau qui tête". Les visites ne reprendront qu'en janvier 2016.
Publié par Hélène BINET