Un cuisinier au musée ? C'est l'idée de Bruno Girveau, directeur du Palais des beaux-arts de Lille (Nord), qui n'a pas choisi Alain Passard par hasard : c'est "un cuisinier avec un sens de l'éthique et une déontologie qu'il cultive depuis vingt ans". Suivant l'inspiration du chef, qui recherche l'épure pour aller à l'essentiel, plusieurs thèmes sont évoqués dans son Open Museum : l'inventivité de l'enfance, les jardins et saisons, la marée, le feu, la gourmandise, la tension régnant dans la cuisine pour offrir en salle une expérience exceptionnelle.
Bronzes et collages
Au menu de ces trois mois d'exposition, on retrouve les oeuvres de plus de vingt artistes contemporains et modernes, en dialogue avec les oeuvres du musée, aux côtés des collages et des bronzes d'Alain Passard et des vidéos de son complice Jean-Bernard Magescas. Le chef de l'Arpège imagine la violence en cuisine au travers de crustacés en bronze (Le Homard ou Tango à Chauzey ; Combat de dormeurs), et réserve aux légumes la légèreté et la poésie de collages sur fond blanc.
On retrouve le cuisinier dans un très beau montage d'une vidéo du chef aux fourneaux, incrustée dans le gobelet d'argent d'un tableau de Chardin. Les fourneaux sont aussi évoqués à travers des oeuvres sonores : Les marmites enragées (et chantantes !) de Pilar Albarracin, et Le Chant du feu, que le chef a fait crépiter dans une superbe cheminée turque. Il a tenu à faire parler les sens. "Cette exposition est une conjugaison de saveurs, de textures, de parfums. Je veux qu'en sortant, vous alliez vous faire une belle assiette", conclut Alain Passard.