Départs imprévus dans l’entreprise : comment réagir et anticiper

Selon le baromètre ‘Besoin en main-d’œuvre 2024’ de France Travail, 59 % des postes sont encore difficiles à pourvoir en CHR. Dans ce contexte de tension constante, la gestion des départs devient un enjeu majeur : perte de savoir-faire, surcharge des équipes en place, altération de la qualité de service. Pourtant, des solutions existent pour ne plus subir cette situation, explique Irina Bolocan, manager de transition et enseignante en école hôtelière.

Publié le 23 avril 2025 à 13:34

Démissions impulsives, absences prolongées, ruptures conventionnelles... Ces situations ne sont plus des exceptions en hôtellerie-restauration mais une réalité structurelle susceptible de désorganiser l’activité du jour au lendemain.

La gestion d’un départ imprévu exige une posture différente que lorsque celui-ci est planifié et constitue un véritable test de résilience organisationnelle, surtout lorsqu’il s’agit d’un collaborateur clé. Cinq leviers peuvent vous permettre de mieux anticiper et transformer ces contraintes en opportunités :

 

1. Ne pas subir : adopter une posture d’anticipation

La première erreur est de penser qu’un départ ne se gère qu’une fois annoncé. Tout manager avisé sait qu’il faut penser à l’après dès l’avant.

Mettre en place une veille sociale interne, en restant attentif aux signaux faibles – baisse de motivation, tensions, absences répétées – est aujourd’hui indispensable.

Certains établissements instaurent des entretiens de maintien, à mi-parcours ou à chaque anniversaire de contrat, afin de faire le point sur les attentes et le niveau de satisfaction des collaborateurs. Une démarche simple, humaine et souvent très efficace pour prévenir les départs silencieux.

 

2. Accueillir l’annonce avec professionnalisme

Lorsqu’un collaborateur annonce son départ, l’émotion peut vite prendre le dessus. Pourtant, la posture du manager dans les premières minutes est déterminante.

Accueillir la nouvelle avec calme, respect et ouverture permet non seulement de préserver la relation, mais aussi de comprendre les véritables raisons du départ. Horaires contraignants, stress et rythme soutenu, manque de perspectives, rémunération insuffisante, manque de reconnaissance ou quête de sens peuvent être des raisons valables de ce départ.

Les comprendre permettra de mettre en place des mesures préventives dans sa stratégie RH :

  • adaptation des horaires si possible ;
  • valorisation et montée en compétences ;
  • amélioration des conditions de travail ;
  • reconnaissance et valorisation des collaborateurs.

Un échange sincère peut parfois ouvrir la voie à un changement d’avis de dernière minute… ou, à tout le moins, à une séparation constructive.

 

3. Structurer un plan de départ : transmettre pour ne pas perdre

Un départ mal encadré, c’est un savoir-faire qui s’envole, des équipes déboussolées et une qualité de service dégradée.

Dès l’annonce, il est essentiel de mettre en place un processus de passation clair, même accéléré :

  • actualiser la fiche de poste et la check-list des tâches ;
  • demander au collaborateur qui part de lister conseils, points de vigilance et astuces pour son remplaçant ;
  • nommer un référent pour récupérer les informations-clés.

 

4. Impliquer l’équipe, sans dramatiser

Un départ peut générer interrogations, rumeurs ou démobilisation. Le rôle du manager est d’apaiser, clarifier et fédérer.

Expliquer sans entrer dans les détails privés, remercier le collaborateur sortant, et partager les prochaines étapes rassure l’équipe et évite les malentendus.

Plus important encore est d’impliquer les collaborateurs dans le processus de remplacement car cela renforce la cohésion, la solidarité et le sentiment d’appartenance.

 

5. Transformer la contrainte en opportunité

Chaque départ est aussi une chance de faire évoluer l’organisation : repenser un poste, créer une passerelle de compétences, promouvoir un talent interne, accueillir un nouveau regard.

Quelques questions utiles à se poser :
– Ce poste peut-il être repensé, redimensionné ou mutualisé ?
– Une promotion ou mobilité interne est-elle envisageable ?
– Peut-on saisir cette occasion pour moderniser nos pratiques ou outils ?

En effet, les départs imprévus ne sont pas une fatalité à subir. Avec une approche humaine, structurée et proactive, ils deviennent des moments clés de transformation, de remobilisation des équipes et de progression collective par une remise en question et une mise en place d’une stratégie de fidélisation pour ne plus subir ces départs et réduire leur impact sur l’organisation.

Dans un secteur où l’humain est au cœur de l’expérience client, savoir gérer avec élégance la fin d’une collaboration est un acte managérial fort. Car un départ bien accompagné, c’est aussi une réputation préservée, un climat de confiance maintenu, et parfois même… un futur retour facilité.

 

 


Publié par Irina Bolocan



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