"Les entreprises attendent ce diplôme. Au niveau national, on me
demande pourquoi cela n'a pas été fait avant." La réflexion de Jean-Louis Bousquet, président de l'Umih
24, traduit une réalité : les entreprises saisonnières ne peuvent prendre
des apprentis à cause de leur fonctionnement particulier. D'où la mise en place
d'un cursus spécifique, unique en Aquitaine. Imaginée et pilotée par l'École hôtelière du Périgord, à Boulazac (Dordogne), en partenariat
avec l'Umih 24, cette formation sera expérimentée pendant deux ans. Dès
septembre prochain, 12 places en CAP cuisine et 12 autres en CAP service en
salle seront ouvertes. Le calendrier a été totalement remanié : "Cette
formule déroge complètement aux règles de l'alternance ordinaire, surtout pour
les niveaux 4 et 5, puisqu'il y aura des périodes ramassées de cours en école
et des périodes ramassées en entreprise", souligne Cathy Ranoux,
directrice de l'École du Périgord.
Les élèves débuteront par deux semaines de formation aux CFA avant d'enchaîner
cinq semaines de travail en entreprise. "Ils y seront sur la fin de saison,
pour apprendre à connaître leur lieu de travail", note David Leygues,
le directeur adjoint. "Ce modèle peut avoir des vertus pédagogiques pour
certains jeunes : avec une alternance rapide entre cours et entreprises,
certains ont du mal à se repérer", souligne Jean-Louis Bousquet.
Formations complémentaires
Ensuite, les apprentis ne retourneront pas dans leur entreprise avant
avril. Le cursus a été conçu pour que les blocs de formation en classe n'excèdent
pas trois semaines. Seront intercalés, outre les congés, trois semaines de
mobilité à l'internationale ainsi que des conventions de complément de
formation au sein d'autres entreprises. Le but est de permettre aux élèves d'acquérir
des compétences complémentaires à leur futur métier. "Nous prévoyons de les
envoyer chez des boulangers, pâtissiers, fleuristes, cavistes, fromagers, etc."
Pour ce faire, l'École hôtelière du Périgord s'est rapprochée du CFA voisin
pour trouver les contacts appropriés.
Pour le moment, l'école est en train de constituer un fichier d'établissements
répondant aux critères. Parmi ceux-ci : la saisonnalité ainsi qu'une
certaine exigence au niveau de la qualité de la cuisine. Étant donné la
spécificité du cursus et des entreprises visées, c'est l'école qui mettra en
relation les futurs apprentis et les entreprises. Tous devront signer une
charte où sera rappelée l'éthique de la formation. Le succès du cursus sera
évalué d'après la réussite au diplôme et l'insertion professionnelle par la
suite.
Publié par Anne Letouzé