France 5 rediffusait dernièrement un reportage sur le lancement du plus gros paquebot du monde. Au fil des 52 minutes du documentaire, on suivait de manière quasi hypnotique les aventures de François Roux, le concierge de l'Oasis of the Seas au moment de son lancement en 2009. Le Français au flegme déroutant s'employait à dénicher parmi les 2 400 membres d'équipage un spécialiste du Tango qui conviendrait à madame Monica, danseuse émérite et cliente exigeante, en mal de partenaire à la hauteur. Une situation plutôt cocasse qui permettait d'apprécier la mission délicate d'un concierge à bord d'un paquebot de 5 400 passagers. "Sur un bateau, on est isolé du monde. Il est plus compliqué de faire face à des demandes inhabituelles. Elles ne peuvent parfois se résoudre que dans un port", explique François Roux contacté à bord du Serenade of the Seas, un autre bâtiment de la flotte de la RCI, quelque part au large de Dubaï. Si le Français a dû faire face au cours de sa carrière à des demandes surprenantes, les attentes des navigants ne semblent pas plus outrancières sur les océans qu'à terre : "La RCI ne pratique pas de système de classe mais, à bord des différents navires où j'ai été affecté, il y a des zones qui bénéficient d'un service de conciergerie. Sur le Serenade of the Seas, j'ai la responsabilité d'un pont de 24 suites. Elles sont si spacieuses et confortables qu'il est très rare qu'un client demande à être reclassé. Par contre, je suis sollicité pour organiser des réceptions et des tours privés. Parmi mes meilleurs souvenirs, j'ai organisé un anniversaire à bord d'un sous-marin sans pouvoir utiliser de bougies pour le gâteau pour des raisons de sécurité. Je pense aussi à cette demande honorée d'une balade en hydravion avec pique-nique privé sur Virgin Gorda, un îlot de l'archipel des îles Vierges britanniques."
Maîtrise de l'anglais obligatoire
Le plus expérimenté concierge de la RCI, au point que la compagnie associe son expertise au lancement de nouveau bateau, semble bien loin de sa Côte d'Or natale : "Je suis né à Beaune où j'ai d'abord fait des études de comptabilité avant de faire une école hôtelière à Londres. En Angleterre, j'avais des amis qui connaissaient le gouverneur des Bermudes. J'ai travaillé vingt-trois ans dans des hôtels d'Hamilton, la capitale de ce territoire d'outre-mer britannique où de nombreux navires de croisières faisaient escales. C'est donc naturellement qu'un jour j'ai postulé. Trois mois après avoir adressé ma candidature à la Royal Caribbean, j'embarquais sur le Voyager of the Seas. Depuis, j'ai occupé le poste de concierge sur six navires différents dont deux en phase de lancement, l'Oasis et le Freedom of the Seas."
Si à son poste, le Bourguignon considère que les qualités primordiales sont l'organisation, la patience et la diplomatie, la base minimale pour espérer embarquer est la pratique de la langue anglaise : "C'est peut-être pour cette raison que nous ne sommes que deux Français sur le Serenade of the Seas", regrette François Roux avant d'ajouter : "Travailler sur un bateau est une incroyable aventure même si les contrats sont longs et les horaires contraignants. Ce sont les postes dans la restauration qui sont les plus rémunérateurs et mon employeur propose de très bons programmes pour évoluer dans la compagnie." François Roux aspire aujourd'hui à un repos bien mérité : "La vie en mer est fatigante et j'encourage les hôteliers à postuler lorsqu'ils sont jeunes. Je vais avoir 60 ans et je souhaiterais poursuivre ma carrière à terre, dans un boutique-hôtel, par exemple."
Publié par Francois PONT