Thierry Grégoire : "La petite hôtellerie est prise dans une spirale infernale"

Le point sur les dossiers des saisonniers avec Thierry Grégoire, président de la branche au sein de l'Umih.

Publié le 12 novembre 2013 à 11:02
Etes-vous satisfait par la dernière mouture du calendrier scolaire ?

Thierry Grégoire : Non, elle ne nous convient pas du tout. L'Association nationale des maires des stations de montagne l'a rappelé récemment, les nouveaux projets en cours de discussion pour les trois prochains exercices proposent un découpage qui est toujours défavorable aux stations de montage qui ferment en général autour du 20 avril et il neutralise les effets positifs que pourrait avoir la réduction d'une semaine entre les vacances de fin d'année et d'hiver. Depuis l'instauration du calendrier mis en place en 2010/2011, on constate un effondrement de la fréquentation en fin de saison. Nous travaillons avec les domaines skiables pour obtenir un découpage qui soit plus intéressant pour tout le monde. Offrir aux enfants la possibilité de pouvoir faire du ski pendant les vacances de printemps ne me paraît aller à l'encontre de leurs intérêts.

Qu'en est-il du projet de résidences mixtes ?

T. G. : Des amendements ont été présentés dans le cadre de la loi Duflot qui lèvent les freins qui nous bloquaient pour créer ces résidences d'hébergement à vocation sociale. Il fallait pouvoir mixer des financements publics et privés. Auparavant, on ne pouvait pas. Désormais, ça va devenir possible. Nous voulons créer un réseau de logements qui permettent d'accueillir en fonction des périodes soit des saisonniers, soit des étudiants, soit des personnes en alternance de notre branche professionnelle. Nous nous sommes donnés l'objectif de 10 résidences en dix ans. Le foncier est mis à disposition par les collectivités et les résidences seront cofinancées et gérées avec la Caisse des Dépôts et Consignation et Action Logement. Plusieurs villes ont déjà donné leur accord de principe comme Lille, Antibes/Juan-Les-Pains, Etaples/Le Touquet, Bourg Saint-Maurice. Les loyers de ces logements ne dépasseront pas 150 à 200 euros par mois pour les alternants et 300 euros pour les salariés saisonniers.

Quels sont les autres dossiers sur lesquels vous travaillez ?

T. G. : Il y a d'abord la grosse inquiétude générée par l'augmentation de TVA. Personne ne conteste la nécessité d'effort public mais il faut regarder en face les conséquences sur la filière. L'impact sera comme une bombe à fragmentations : comme nous n'allons pas pouvoir augmenter les prix, nous allons devoir réduire nos marges qui sont déjà extrêmement faibles. La qualité sera mise à mal. Nous allons vers une dégradation des comptes d'exploitation et une chute des investissements. Quant à la prime TVA, elle va s'arrêter. Les termes du Contrat d'avenir sont très clairs à mes yeux. Il y a aussi le  CDI Intermittent ou CDII : nous ne sommes pas opposés à ce nouveau contrat de travail car je pense que nous devons étudier toutes les conventions. Si nous sommes prêts à le tester, je précise que nous restons très attachés au contrat saisonnier. Nous voulons par ailleurs que la mutuelle soit améliorée pour les saisonniers. Quant au RSI, c'est quasiment du racket social ininterrompu. Nous aurions dû avoir un régime efficient depuis la fusion des caisses en 2006. Mais l'incompétence des personnes fait que nous face à des dysfonctionnements énormes, avec un régime défectueux malgré une collecte de 16 milliards d'euros…

Vous souhaitez redonner de la vitalité à la petite hôtellerie. Vos solutions ?

T. G. : Cette hôtellerie, qu'elle en zone soient rurale, littorale ou en montagne est prise dans une spirale infernale. Les petits hôtels indépendants, à caractère familial, sont les premiers touchés et ils ferment les uns après les autres. Pour contrer ce phénomène, il faut leur donner les moyens de se rénover, de redynamiser leur outil. Il faudrait, par exemple, obliger les banques par la loi à solliciter BPI France (ex Oséo) en ayant un recours systématique sur le cofinancement ou la co-garantie avec un minimum de 20% des dossiers de prêts accordés ou encore créer un fond d'investissement des métiers qui soutiendrait les programmes de modernisation de notre parc hôtelier ; des particuliers et des institutionnels pourraient ainsi investir dans ce fond avec des avantages fiscaux et une rentabilité raisonnables. Nous devrions aussi créer une taxe sur les bénéfices des opérateurs en ligne afin qu'ils contribuent à la modernisation du parc hôtelier, qui aussi dans leur intérêt…

Concernant le littoral, quels sont vos actions ou préoccupations ?


T. G. : Nous travaillons avec la Fédération de l'hôtellerie de plein air et les restaurants de plage à un assouplissement du décret plage. Depuis la tempête Xynthia, nous constatons une sanctuarisation des zones côtières dites à risque. Nous sommes, en France, dans un état d'esprit dominé en permanence par le risque zéro. Je ne crois pas que laisser la décision finale au préfet soit la meilleure solution. Il est important que les professionnels puissent s'exprimer et peser dans les décisions. Nous ne sommes pas là pour tuer notre outil de travail ! Je voudrais aussi revenir sur le développement des éoliennes en mer qui est une véritable hérésie. Elles produisent une énergie qui ne se stocke pas, elles ont besoin d'être animer par une centrale électrique et leur implantation génère une véritable pollution visuelle. On refuse à des professionnels d'installer des tables en bord de mer mais on va massacrer la vue. Le projet d'implantation dans le Nord Pas de Calais a été retiré mais le lobbying est très fort avec un verbiage bien rôdé, avec de belles paroles qui nous font croire à une solution énergétique favorable à l'environnement. Or, c'est tout le contraire.

Publié par Propos recueillis par Sylvie Soubes



Commentaires
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ycinotti

mercredi 13 novembre 2013

C'est un peu curieux, dans le même entretien, de se plaindre de la lourdeur fiscale et de vouloir imposer une taxe aux OTAs.

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