Des tarifs multipliés par 10 voire par 15 pour la période des Jeux olympiques : des relevés effectués en août dernier, à un an de la compétition, avaient alerté sur les risques de dérapage tarifaire. Olivia Grégoire, ministre des Entreprises, de la Consommation et du Tourisme, n’a eu de cesse de répéter ces derniers mois qu’elle comptait sur les hôteliers pour rester raisonnables quant aux prix de ventes des nuitées.
Elle a visiblement été entendue par de nombreux professionnels puisqu’une dernière enquête menée en décembre par l’UFC Que Choisir montrait que les tarifs ont été, en moyenne, multipliés par trois dans la capitale, atteignant 699 € de prix moyen. La prudence est de mise pour les hôteliers qui cherchent avant tout à s’assurer du remplissage de leur établissement et ont vendu une partie des chambres très en amont – il y a deux à trois ans – au comité d’organisation des Jeux, à des prix négociés, afin de loger les membres des fédérations sportives, les délégations, sponsors et médias…
“Il faut savoir rester lucide”
“Tout le monde fantasme sur ces événements mais il faut savoir rester lucide, prévient Olivier Dufit, directeur général adjoint du réseau coopératif The Originals. Nos mots d’ordre sont prudence et vigilance, sur les tarifs mais également sur les conditions d’annulation. Nous avons mis en place une politique de réservation non annulable, non remboursable pour sécuriser nos ventes.”
Même constat pour l’enseigne Best Western. "Nous conseillons de rester dans une fourchette de 250 € à 550 € la nuitée, en fonction de la localisation, de la gamme et du volume de réservations déjà enregistrées. À Paris, le prix moyen est de 410 € TTC, alors qu’il était de 140 € en août dernier, pour un taux d’occupation à fin février de 40 %“, indique Olivier Cohn, directeur général du groupe pour la France, qui ajoute toutefois : “Nous sommes un réseau d’indépendants, donc nous donnons des préconisations et les hôteliers sont libres de les suivre. Certains ont préféré fermer l’inventaire et attendent avant de l’ouvrir. Ce n’est pas la stratégie que nous recommandons car elle a prouvé ses failles”, notamment les résultats très mitigés enregistrés dans les hôtels londoniens lors des JO de 2012, où les prix étaient très élevés mais les hôtels loin d’être complets.
Impact inégal en régions
Le groupe Okko Hôtels, qui compte 14 établissements dans l'Hexagone, se félicite pour sa part du très bon taux d’occupation de ses cinq hôtels situés à Paris et en Île-de-France : “Nous enregistrons un taux d’occupation allant de 70 % à 90 %, détaille Solenne Ojea-Devys, sa directrice générale. Et de préciser : Notre stratégie tarifaire est de de multiplier le prix moyen annuel des établissements par 2 ou par 3 au maximum, ce qui correspond aux tarifs pratiqués pendant de grands événements sportifs ou d’affaires, comme le salon du Bourget ou encore la Fashion Week.”
En régions en revanche, l’effet JO est moins net pour le groupe, avec “quelques soubresauts à Nantes” mais encore peu de réservations à Lille. Reste que les Parisiens choisiront peut-être la période pour partir en vacances et remplir les hôtels de l’Hexagone.
Publié par Roselyne DOUILLET