L'Hôtellerie Restauration : La Fête de la gastronomie débute vendredi. Quels sont les moments forts de cet événement?
Sylvia Pinel : J'ai souhaité cette année étendre la Fête de la gastronomie à trois jours, les 20, 21 et 22 septembre, pour multiplier les initiatives, donner la possibilité à un plus grand nombre de participer aux événements qui auront lieu dans toute la France et renforcer le rayonnement de notre pays. Cette fête doit être celle de tous les amoureux de notre gastronomie, qui est un véritable atout pour notre pays. C'est un temps fort de partage, de convivialité, de transmission des savoir-faire qui met à l'honneur les produits de nos territoires et l'ensemble des métiers concernés. Pour donner de l'ampleur à la fête, j'ai souhaité cette année créer de grands événements fédérateurs, comme le projet '27 chefs, 27 régions, 27 recettes' qui proposera à tous des recettes à moins de 5 €, des banquets populaires organisés partout en France, ou encore le concours de cuisine amateur dont la finale nationale se déroulera samedi à Sedan et à laquelle j'assisterai. J'ai souhaité aussi associer les enfants, avec un concours de dessins organisé dans toute la France, intitulé : 'Dessine ton plat préféré'.
La mobilisation s'annonce exceptionnelle puisque 7 000 projets sont organisés sur l'ensemble du territoire, par des élus, des particuliers, des professionnels : restaurateurs, pâtissiers, producteurs, maraîchers, vignerons, éleveurs… Je serai particulièrement mobilisée durant ces trois jours de festivités et me rendrai sur de nombreux événements partout en France.
Avant l'été, alors qu'une partie des restaurateurs réclamait un moyen de protéger leur savoir-faire, vous avez tranché en faveur du 'fait maison'. Pourriez-vous revenir sur ce choix ?
Cette question nous concerne tous. C'est à la suite des discussions dans le cadre du comité de filière restauration que j'ai décidé de créer un label fait maison, qui me semble être la solution la plus simple et la plus efficace pour valoriser la qualité et les savoir-faire des professionnels, tout en répondant aux exigences d'information des consommateurs. C'est une solution positive pour tous, qui valorise notre cuisine, nos chefs, nos restaurants. J'ai donc inscrit cette mesure dans le projet de loi consommation, qui fera à nouveau l'objet de discussions à l'Assemblée nationale lors de la seconde lecture du texte. Nous aurons ensuite des échanges avec les professionnels pour préparer le décret d'application.
Quels sont les leviers qui, selon vous, redonneront des couleurs à la restauration en France, tous secteurs confondus ?
Les inquiétudes des restaurateurs sont légitimes, notamment après la mauvaise météo des premiers mois de l'année. Nous n'avons pas encore les chiffres définitifs, mais, d'après nos estimations, le mois d'août a été meilleur que juillet pour l'ensemble des activités liées au tourisme. Ce secteur est soumis aux évolutions de la fréquentation, mais aussi au comportement des clients de proximité. Comme de nombreux autres secteurs, il doit en permanence se renouveler pour rester attractif et attirer de nouveaux clients. C'est bien l'objet du label fait maison : répondre à une forte attente des consommateurs. Pour accompagner le secteur de la restauration dans sa modernisation, j'ai réuni l'ensemble des professionnels - organisations professionnelles, syndicats de salariés, représentants de la production, de la distribution, de la formation, des arts de la table ou des consommateurs - au sein d'un comité de filière, et nous avons défini ensemble les chantiers prioritaires du secteur. À l'issue de ce travail en commun, j'ai annoncé les dix priorités pour la restauration, autour de trois objectifs : mieux informer les consommateurs et promouvoir la qualité dans la restauration, améliorer les conditions de travail des professionnels et favoriser le dialogue social, et enfin renforcer les formations et valoriser les métiers de la restauration. Ce sont autant de leviers à actionner pour revaloriser le secteur et encourager la fréquentation des restaurants.
La profession va être confrontée à de nombreuses échéances dans les mois qui viennent. Comment comptez-vous l'accompagner ?
L'hôtellerie-restauration est une filière d'avenir qui comporte une diversité de métiers, de structures, et aussi de nombreuses opportunités d'évolution professionnelle. Avec de très nombreuses offres d'embauche recensées, ce secteur est un véritable vivier d'emplois. Nous accompagnons déjà la profession à travers toutes les mesures qui sont prises en faveur des entreprises. Je pense aux nouveaux dispositifs comme les contrats de génération ou les emplois d'avenir. La restauration est également une grande bénéficiaire du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE, NDLR).Concernant la mise aux normes d'accessibilité des personnes handicapées, les difficultés des professionnels du secteur ont été entendues par la sénatrice Claire-Lise Campion qui a présenté son rapport au Premier ministre en mars dernier. Un comité interministériel du handicap se tiendra dans les prochaines semaines afin de faire la synthèse de ces travaux.
Quel est votre sentiment sur le secteur du tourisme en général ?
Le tourisme, que le président de la République a récemment érigé en grande cause nationale, est un véritable atout pour le redressement économique de notre pays, et les outils que j'ai mis en place depuis un an y participent pleinement. En effet, pour structurer la filière touristique, nous devons rassembler les acteurs, les faire travailler ensemble autour d'un projet commun pour avoir plus de force et de lisibilité. Cela permettra de construire un véritable circuit touristique, une nouvelle offre originale et lisible, qui attirera les touristes français et étrangers. C'est l'enjeu des contrats de destination que j'ai créés. Ce dispositif permet de fédérer les acteurs publics et privés d'un même territoire pour créer une offre innovante et adaptée aux attentes des visiteurs. La mise en place de ces contrats de destination permet à tous les acteurs du tourisme de se rassembler et de travailler ensemble sur des projets communs 'gagnant-gagnant'. Les deux premiers contrats ont été signés en juillet 2013 en Alsace et dans le Tarn-et-Garonne, pour développer respectivement le tourisme d'affaires et le tourisme d'itinérance. Atout France reçoit de nombreuses sollicitations de territoires intéressés : à ce jour, nous avons 22 demandes. L'emploi est la priorité du Gouvernement. Or, nous avons constaté que de nombreux emplois demeurent vacants dans le tourisme. J'ai donc confié à François Nogué, président de Pôle emploi, une mission pour identifier les moyens qui permettront à ces emplois d'être pourvus. Son rapport me sera remis dans les prochaines semaines. Nous pourrions, par exemple, renforcer le tutorat pour l'alternance, développer l'apprentissage des langues pour les jeunes en formation, améliorer la transparence et la diffusion des offres d'emplois, ou encore développer la bi ou tri-qualification pour rendre l'emploi saisonnier moins précaire.
Qu'attendez-vous de la profession sur le terrain social ?
Au cours de la concertation avec les professionnels, nous avons conclu à la nécessité de doter le secteur d'un rapport de branche, celui-ci faisant défaut pour le dialogue social depuis de trop nombreuses années. Mes services, avec ceux du ministère du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, accompagneront les organisations patronales dans la rédaction de ce rapport. La lutte contre le travail illégal est un autre enjeu important pour le secteur. Pour cela, nous élaborerons, avec Michel Sapin, une convention de partenariat avec les professionnels, qui permettra d'intensifier et d'améliorer les contrôles dans le secteur, et de mener des actions de prévention auprès des professionnels.
Publié par Propos recueillis par Sy.S.
dimanche 6 octobre 2013