Pour sa première intervention publique en tant que patron du plus grand groupe hôtelier européen, Sébastien Bazin a donné aux analystes et aux médias une image plutôt rassurante. Sûr de lui, maîtrisant parfaitement son discours, le plus souvent financier, il a sans nul doute convaincu un auditoire particulièrement attentif. Quelquefois ironique, par moments autoritaire mais toujours décontracté, le nouveau président a montré qu'il savait manier à la fois la provocation et le charme.
Habile orateur, le nouveau patron a justifié le virage à 180° décidé par rapport à l'ère Hennequin. "Devions-nous continuer à adopter le 40/40/20 [40% d'hôtels en contrats de management, 40% en franchise et 20 % en filiale, NDLR] ? Je le dis très haut : non. Ma conviction est que d'avoir annoncé le nombre d'hôtels à vendre était une erreur, car elle fait de nous des vendeurs contraints", a-t-il poursuivi.
Pour séduire les équipes, le ton est également donné. Tantôt amical et charmeur, tantôt froid et autoritaire : "J'ai affaire à une équipe d'hommes et de femmes extrêmement compétents et totalement polyvalents", a-t-il déclaré, précisant dans la foulée le nouveau profil de son équipe : "Je souhaite mettre en place une organisation simple et efficace, et une équipe de direction soudée et compétente", n'hésitant pas à fustiger l'équipe précédente : "Il y a eu trop d'initiatives, trop de projets, et pas assez de moyens."
Peaufiner la stratégie
Sébastien Bazin n'hésite pas à reconnaître qu'il a mûri son plan depuis sa nomination, devançant ainsi les critiques : "Il m'a fallu 90 jours pour peaufiner ma stratégie, précise-t-il. J'ai en effet rencontré plus de 1 000 personnes, j'ai relevé leurs attentes, leurs inquiétudes. Un tiers de ce plan est le leur." Certains cadres ont déjà quitté le groupe, à l'image de Gilles Bonnier, nommé directeur du patrimoine en juin et qui n'est resté que quelques mois.
Le premier examen de passage semble donc réussi, pour celui qui a pris les rênes du plus grand groupe hôtelier européen, à un moment crucial de son histoire. "Il fait preuve de beaucoup de courage en passant de l'autre côté de l'écran", déclare son ami Patrick Sayer, président du directoire d'Eurazéo, lors de sa nomination. Sébastien Bazin doit donc convaincre les marchés (mais la récente baisse de 7,5 % de l'action Accor laisse penser l'inverse) et les franchisés. Certains estiment que la stratégie n'est pas si nouvelle, notamment en termes de réorganisation géographique. Le nouveau p.-d.g. doit enfin rassurer les équipes. "Il n'y aura pas de plan social chez Accor", hormis les 173 postes supprimés dans le cadre du plan de départs volontaires.
Il reste toutefois un dernier élément tout aussi déterminant, qu'il lui sera difficile de maîtriser : la conjoncture économique. Un point pourtant essentiel dans la vie des hôtels et qui a finalement été peu évoqué dans ce premier discours.
Publié par X. S.