Après une saison 2020 largement amputée et cette année, une fermeture totale, les professionnels de la montagne ont fait preuve de résilience. Ceux qui ont surmonté la crise (fermeture des remontées pour la saison 2020-2021) ont imaginé de nouvelles adresses, rénovant les anciennes, se remettant en cause sur le sens de l’accueil. Ils ont aussi peaufiné la restauration, en se dotant d’espaces propices à la détente et la fête. L’hôtel La Chemenaz, 3 étoiles aux Contamines-Montjoie, a réorganisé ses espaces pour ouvrir ses portes aux télétravailleurs. Une partie des 40 chambres a été transformée en espaces de travail privatifs. Entre deux visioconférences, les propriétaires organisent des balades. Le Wanderfull Chalet (Les Arcs) combine coworking, prestations hôtelières et loisirs outdoor. Ce nouveau concept ingénieux a l’intérêt de lisser les périodes de pointe, et d’accueillir des clients pour des séjours plus longs. La demande ne cesse d’augmenter et de nombreux citadins choisissent le workation (contraction de work et vacation - travail et vacances), l’appellation de ce nouveau mode d’hôtellerie.
Quartiers d’hiver
Dans toutes les stations, le confinement a souvent poussé les hôteliers à entreprendre de gros travaux de rénovation et d’équipement. Ainsi, l’Ours Blanc, aux Menuires, nouvelle acquisition du groupe Assas Hotels, s’est offert une rénovation complète, orchestrée par Leslie Gauthier. À la Clusaz, les nouveaux propriétaires de La Serraz (4 étoiles), Karine et Fréderic Blanc, choisissent d’être loin du centre station pour des clients de plus en plus en quête de sérénité. Autre nouveauté, des stations montent en puissance. À Saint-Gervais, le groupe Armancette (Leading Hotels) ne cesse de s’agrandir. Le Saint-Gervais Mont Blanc (4 étoiles), nouveau fleuron de Jean-Francois Delettre, proposera cet hiver 75 chambres, 6 suites, 5 salles de séminaires et un restaurant de 150 couverts. Situé face à la gare du tramway du Mont-Blanc, dans une ancienne maison de maître, il sera l’un des plus importants de la station.
À Courchevel, la nouveauté viendra du Grand Hôtel (4 étoiles), dernière acquisition du Groupe Lavorel (également aux manettes du Chabichou et des Suites de la Potinière). Il a été confié à Émilie Rollet, pour une rénovation totale. Il proposera 38 chambres de 25 à 100 m². Au palmarès des stations qui montent, Megève tire son épingle du jeu. Après l’arrivée du Four Seasons groupe Edmond de Rothschild, qui draine une clientèle internationale très haut de gamme, le nombre de lits hôteliers se multiplie. Ainsi, Mamie Megève (4 étoiles) proposera 60 chambres, et le Novotel augmente encore la capacité de 90 chambres, ouvertes à l’année. La restauration n’est pas en reste avec l’installation de nombreux groupes, voulant faire de la station un lieu encore plus festif et convivial.
Ambiance festive
Cette année, une tendance émerge en montagne : une restauration de grande qualité, associée à une ambiance festive. Ainsi Antoine Menard, groupe Paris Society, étend son terrain de jeu à la montagne, important trois de ses incontournables marques. Le Piaf, autoproclamé lieu d’encanaillement pour les amoureux de la fête, s’installera à Megève et Courchevel. Le restaurant Gigi s’installe au cœur du Refuge de Solaise à Val-d’Isère, un restaurant à plus de 2 000 m d’altitude qu’il faut atteindre en télécabine ou à ski. La cuisine aura des accents de trattoria italienne, tout comme Bambini, plus familial, à Megève. Autre installation toujours à Megève, le groupe The Kitchen Friends (Antoine Maillon et Fréderic Desmurs), après le Refuge et Nano Caffé, ouvre le Café du marché et reprend la Sauvageonne, lieu emblématique de la fête. Le groupe Annie Famose - David Bremond, après le succès de la Ferme Saint-Amour (toujours à Megève), sous la houlette de Julien Bidaut, ouvrira Cosa Papa (pizzeria et tapas), Kinu Gawa (japonais) Black Cod et Le Café, petits frères des établissements de Saint-Tropez, Saint-Barthélemy et Paris. La Ferme Saint-Amour sera aussi dupliquée à Courchevel.
Enfin, Cocorico, de Cyril et Aurélie Bonnevie, opérera en montagne entre Tignes et Val-d’Isère. Concept festif, il parie de garder ses clients de 14 heures (après ski) à 4 heures du matin. La musique évoluera au fil des heures, des ambiances, explique Dalila Saadi Brockly (oui chef-fe), conseil du groupe. Les prix seront raisonnables (15 € le burger). On y servira de la ‘street gastronomie’, grâce au concours de chefs étoilés et médiatiques : Juan Arbelaez, Emmanuel Renaut, Thibaut Somboardier, et Sébastien Bouillet pour la pâtisserie.
Après deux saisons noires, la montagne affiche sa volonté de s’amuser, de se régaler, sans oublier les plaisirs de la glisse.
Publié par Fleur Tari