"J'étais chef de cuisine depuis une dizaine d'années dans un hôtel-restaurant,
lorsque l'établissement a été vendu. Les objectifs et les moyens donnés par la
nouvelle direction n'étaient plus en phase avec mes attentes. Notre projet de
restaurant a refait surface. Nos trois enfants étaient plus grands, on s'est
dit que c'était le bon moment", confie Minh
Leduc, 39 ans qui vient d'ouvrir avec sa femme Stéphanie, 37 ans, le restaurant Osélysé à Courcouronnes (91).
Le challenge était loin d'être évident à relever. Avec un apport
personnel minime, les banques prêtent rarement, même lorsque l'entrepreneur justifie
d'une expérience professionnelle en accord avec son projet. Le couple reconnaît
que le défi aurait été impossible à concrétiser sans l'aide et l'accompagnement
de la CCI Essonne vers laquelle ils se sont tournés dès le début. "Ils
avaient déjà muri leur projet, obtenu un accord de principe de leur banque,
repéré un local, ils souhaitaient connaître les aides publiques existantes et
mettre en forme leur projet", explique Filipe
De Barros Martins, conseiller à la CCI Essonne, qui constate que le couple
est éligible au Nacre, un dispositif qui soutient les entrepreneurs en leur
apportant un accompagnement avant, pendant et après la création de l'entreprise.
Mais il faut remplir certaines conditions. C'est le cas de Stéphanie Leduc, qui
s'est inscrite à Pôle emploi suite au non renouvellement de son CDD et
bénéficie des allocations de chômage. Première étape du processus : monter
le business plan. "Le prix du fonds choisi par les époux Leduc était vendu
trop cher selon nous", explique le conseiller de la CCI, qui leur
recommande dès le début de négocier le prix à la baisse.
De 65 000 € à 40 000€
Minh et Stéphanie Leduc obtiennent une première réduction, faisant
passer le prix de vente 65 000€ à 50 000€. Malgré cela, leur projet
est retoqué par leur banque à cause du prix jugé trop élevé du fonds. "Le
fait que le vendeur ne dispose que d'un bilan a joué en notre défaveur",
raconte Minh Leduc, qui ne se décourage pas. Il soutient son projet devant le
comité d'Essonne Active, l'acteur du dispositif Nacre chargé d'étudier les demandes
de financement. Celui-ci juge que le projet est viable si le prix du fonds
passe à 40 000 €. "Le projet, la rigueur et les compétences
professionnelles de Minh Leduc nous ont séduit. Néanmoins, nous avons estimé
que le risque était trop grand si le prix du fonds n'était pas davantage
réduit", explique Pierre-Yves Colin, d'Essonne Active, qui a étudié et soutenu
le dossier de financement. Stéphanie et Minh Leduc finissent par obtenir le
prix exigé. Ils reviennent à la charge et, cette fois-ci, obtiennent gain de
cause. Essonne Active leur accorde un prêt de 7 000 € à taux zéro
couplé d'une garantie à hauteur de 65 % du crédit bancaire qu'ils finiront
par obtenir quelques semaines plus tard à la BNP.
Dispense de cotisations
sociales la première année
Le fait de pouvoir percevoir les allocations chômage a également permis
au couple de créer l'entreprise. En effet, suite à la rupture conventionnelle
de son CDI négociée avec son employeur, Minh Leduc a pu s'inscrire à Pôle emploi.
Il bénéficie d'environ 1 500 € par mois d'allocation chômage pendant deux
ans. Ajoutées à celles de son épouse, elles vont leur permettre de vivre, car
ils savent déjà que la première année d'exploitation ne dégagera pas assez de
bénéfices pour leur permette de se verser un salaire. Les allocations feront
office de salaires jusqu'à ce que l'affaire dégage un bénéfice suffisant. Une
aide sans laquelle ce père de famille n'aurait pas pris le risque de se lancer.
Le couple bénéficie par ailleurs de l'aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs
d'entreprise (Accre*), qui les dispense de payer des cotisations sociales la
première année. "Un plus indéniable lorsque je pourrai embaucher un apprenti
pour m'épauler", précise Minh Leduc. Pour l'heure, il est seul en cuisine
tandis que sa femme s'occupe de la salle d'une capacité de 25 couverts.
Après avoir misé sur un menu d'appel à 15 € qui ne fonctionnait pas, il a
réajusté son offre sur les conseils de la CCI. Il propose désormais un plat du
jour à 12 € pour mieux répondre aux attentes de la clientèle. "Le tarif
est plus attractif et au final, les clients consomment pour un ticket moyen de
20 €", explique l'entrepreneur.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON