Retour d'expérience : "Nous avons transformé une ancienne gare en hôtel-restaurant"

Bedous (64) À Bedous, dans le Béarn, Fabrice Dubuc et Édith Moutengou ont réhabilité l'ancienne gare du village pour en faire un hôtel-restaurant, baptisé Transhumance & Cie. Un projet d'envergure rendu possible grâce à un bon accompagnement, avec un objectif : être fidèles aux valeurs du territoire.

Publié le 12 novembre 2019 à 10:53

Depuis août 2019, la gare de Bedous, fermée depuis trente ans, connaît une seconde vie. Les voyageurs ne s’y arrêtent plus en train, mais peuvent séjourner dans l’une des sept chambres de l’hôtel, ou profiter d’un repas au feu de bois. Fabrice Dubuc et Édith Moutengou ont été séduits par la beauté du bâtiment datant de 1914, et par son panorama sur la vallée d’Aspe et ses montagnes. En 2016, une ligne a été remise en service, mais le train s’arrête à une vingtaine de mètres de là, à une halte. Fabrice, cuisinier, et Édith, institutrice à Bedous, ont longuement mûri leur projet d’hôtel. En 2013 déjà, ils ont fait réaliser des plans. Le bâtiment de la SNCF a été racheté par la commune. “La mairie s’est portée acquéreur via l’établissement public foncier local [EPFL] du Béarn-Pyrénées. Elle a fait jouer son droit de préemption, ce qui garantissait un achat au prix minimum et évitait la surenchère. La mairie a ensuite lancé un appel à projet début 2018, et nous nous sommes positionnés. Une fois le dossier accepté, nous avons déposé un permis de construire en février, puis un bail avec l’EPFL nous a permis de commencer les travaux de démolition en juin. Fin 2018, nous avons pu racheter le bâtiment à l’EPFL pour 88 000 €, puis obtenu l’accord de la banque début 2019”, se remémore Édith Moutengou. Le couple a pu financer les premiers travaux grâce à des prêts d’honneur auprès de plusieurs organismes, comme Aquitaine Active, le réseau Béarn Initiative France, Aspe Solidaire… soit un total d’environ 100 000 €.

 

Des aides essentielles

La réhabilitation complète aura nécessité 14 mois de travaux et un budget de 500 000 € - hors achat du bâtiment. Le couple a conservé le toit, les murs en pierre de taille, les menuiseries (escalier, parquet) de la bâtisse de 650 m², mais a tout refait : réseaux, chauffage, électricité, isolation (en laine de brebis, bois, chanvre et terre pour l’intérieur), installation de poêles à granulés… Les sept cheminées ont toutes été remises en état de fonctionnement pour les chambres et la cuisine. Les sept chambres, dont deux suites, se situent dans l’ancien logement de fonction, la partie administrative et une partie du bâtiment fret de la gare. Leur décoration rappelle les voyages en train, la montagne. Une seule chambre se situe coté voie ferrée. “Seuls quatre trains passent chaque jour, mais nous avons joué la prudence. Il n’y a cependant pas de nuisances sonores”, assure Édith Moutengou. Le couple a pu bénéficier du soutien d’un chantier de réinsertion, ce qui a réduit le coût des travaux. “L’association Estivade est intervenue. Les personnes ayant aidé pour la démolition sont finalement restées durant tout le chantier ! Pour trois personnes, cela nous coûtait 150 € par jour”, raconte-t-elle.

Enfin, la région Nouvelle-Aquitaine a versé une subvention de 80 000 € (l’équivalent de 20 % du montant HT des travaux) au titre de la création d’hôtellerie indépendante en zone montagne. “En contrepartie, l’établissement doit au moins être classé en 2 étoiles, avoir un accès PMR et être labellisé. Nous visons 3 étoiles pour nous différencier, car la vallée d’Aspe recense uniquement des établissements 2 étoiles”, souligne l’hôtelière. L’enveloppe de la région a permis aux propriétaires de faire des travaux qu’ils avaient initialement envisagé dans une seconde phase.

Le couple accueille aujourd’hui des clients recherchant la nature, le bien-être tout en ayant du confort. Le restaurant de 50 places - 30 en intérieur et 20 dans la véranda - a pris place dans l’ancienne salle d’attente et le hall voyageurs. Tout est cuit dans la grande cheminée et le four à bois : viande, truite, légumes… Fabrice prépare aussi garbure, fondue, raclette à la braise : du fait maison et du local. Le restaurant, ouvert 7 j/7, plaît à une clientèle de locaux, d’Espagnols, de familles. Ici, c’est aussi un lieu où la langue béarnaise - très chère à Édith Moutengou - peut vivre. Son attachement se voit jusque sur le site internet de Transhumance & Cie, traduit en béarnais.

#Bedous# gare #hotelrestaurant# #FabriceDubuc# #ÉdithMoutengou#

 

 


Publié par Laetitia Bonnet Mundschau



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