Situé dans le coeur historique de Bayonne
(Pyrénées-Atlantiques), l'Hôtel
des Basses Pyrénées est l'un des plus anciens établissements de la
ville. Fermé au début des années 2000, il a été vendu pour un projet d'habitat
locatif. La mairie, souhaitant conserver un hôtel en centre-ville, a usé de son
droit de préemption pour récupérer le bâtiment - revendu en 2004 à la société
Mona Lisa, spécialiste du placement immobilier défiscalisant et exploitant d'hôtels
et de résidences de tourisme. Son projet : rénover le bâtiment pour en
faire un établissement 2 étoiles de 36 chambres. Pour le financer, la société
convainc des particuliers d'investir en tant que copropriétaires (une chambre =
un lot), en assurant à chacun le versement d'un loyer. L'investissement se
monte à 3,8 M€. Les travaux débutent, mais l'opération tourne mal pour les
36 copropriétaires : les fonds disparaissent en 2008. Les travaux s'arrêtent,
et la société Mona Lisa est ensuite placée en redressement judiciaire en 2010.
27 loyers versés chaque mois
À cette époque, Jeannine Grabet et Patrick Nadal, dans l'hôtellerie
depuis trente ans, terminent la rénovation de la Villa Hôtel à Bayonne. En
professionnels, ils suivent la rénovation de l'hôtel des Basses Pyrénées et
réalisent en 2009 que les travaux sont au point mort. Intrigués, ils mènent l'enquête
et décident de reprendre l'hôtel. "J'ai sollicité les copropriétaires, qui
ne voulaient plus entendre parler de Bayonne ou d'un projet de reprise. Mais
nous avons trouvé un allié auprès de leur représentant. Ils se sont finalement
laissés convaincre. Avec notre dossier clé en main, nous avons remporté en 2012
l'appel d'offre, voulu par les copropriétaires", résume Jeannine Grabet,
aujourd'hui exploitante avec Patrick Nadal. Face à l'ampleur de la tâche, ils
revendent la Villa Hôtel, et lèvent 1,7 M€ supplémentaires - en partie
auprès des copropriétaires - pour boucler le projet. "Sur les 36 lots, une
dizaine étaient à vendre. Ils ont été rachetés par un partenaire financier et
nous-mêmes via une SCI. Nous comptons désormais 27 copropriétaires. Avec
chacun, nous avons signé un bail locatif sur neuf ans et reconductible. Chaque
mois, nous versons 14 000 € à la copropriété : chacun récupère
un loyer fixe situé entre 450 et 600 €, défini en fonction d'une clé de
répartition - taille de la chambre, investissement de départ, etc.,
détaille Jeannine Grabet. Si un propriétaire souhaite revendre son lot, nous
sommes prioritaires. À terme d'ailleurs, nous aimerions tous les racheter."
Un lieu transformé
L'hôtel a rouvert ses portes fin juillet 2015, après un an et demi de
travaux, dirigés par l'architecte Pierre
Couteau et Isabelle Joly,
architecte du patrimoine, car le bâtiment, avec sa tour du XVIIIe siècle, est
classé. Le nombre de chambres a été ramené à 27, dont deux suites dans la tour.
Pour chaque chambre, les exploitants sont tributaires de son propriétaire. Les
travaux d'une troisième chambre dans la tour n'ont pu être achevés, car le
propriétaire n'a pas signé le bail locatif. "Avant, cet hôtel était le lieu
de vie de Bayonne. Nous voulions retrouver cet esprit et avons donc élargi l'espace
au rez-de-chaussée - qui accueille aujourd'hui un salon, un bar et un
restaurant de 30 couverts avec une terrasse, tenu par mon fils, Sébastien
Oudill", souligne Jeannine Grabet. Le jeune homme a été formé par son
père, le chef étoilé Didier Oudill. L'hôtel, ouvert à l'année, attend l'agrément
pour le classement 4 étoiles.
Publié par Laetitia Bonnet Mundschau