Les pratiques liées aux produits de soins en chambre ont considérablement évolué dans l'hôtellerie. Exit les petits flacons à usage unique, probablement bientôt interdits*, et place aux distributeurs ou flacons rechargeables de plus grande capacité. Si certains établissements optent pour le remplacement systématique des contenants usagés, d'autres privilégient le remplissage. Mais cette dernière approche soulève de nombreuses problématiques. François Marchand, président du groupe GM France et Richard Avron, directeur général, alertent sur ce sujet : "Le remplissage est une fausse bonne idée, ce n’est ni économique, ni développement durable".
Une prise de risque en matière de traçabilité et d’hygiène.
François Marchand et Richard Avron sont catégoriques : "le re-remplissage non-contrôlé est une mauvaise pratique". Les règles de traçabilité, pourtant essentielles, sont souvent négligées. "Lorsque l'on travaille avec des marques haut de gamme, le remplissage ne respecte pas les bonnes pratiques cosmétiques imposées par les réglementations françaises et européennes". Afin de respecter ces règles, les distributeurs devraient être vidés, nettoyés et aseptisés entre chaque remplissage, ce qui semble difficilement réalisable en dehors d'un environnement industriel. Sans ces étapes, non-seulement la traçabilité n’est pas garantie mais le risque de prolifération des germes est également accru.
En outre, après chaque remplissage, il est nécessaire d'apposer un numéro de lot sur le contenant et de tenir un registre cosmétique à jour. En l'absence de suivi, la responsabilité juridique des hôteliers peut être engagée. La réglementation cosmétique européenne (n°1223/2009, articles 12 & 19) exige une traçabilité complète tout au long du cycle de vie des produits.
Des contraintes ergonomiques et économiques
Les bidons de recharge, notamment ceux de 5 litres, posent des problèmes pratiques. "Leur poids est une vraie contrainte pour les femmes de chambre et les équipes techniques", soulignent François Marchand et Richard Avron.
Sur le plan économique, cette méthode s'avère contre-productive. Le temps nécessaire pour manipuler et remplir les flacons représente une charge supplémentaire pour le personnel. "Toute perte de temps est une perte d'argent", rappellent les dirigeants. Par ailleurs, les manipulations fréquentes peuvent entraîner des éclaboussures ou des salissures, exigeant des nettoyages additionnels. Un défaut de propreté peut décourager les clients, ternissant l'image de l'établissement.
Une fausse démarche écologique
Contrairement aux idées reçues, le re-remplissage n'est pas plus durable. "Les bidons de 5 litres, et plus encore ceux d'un litre, utilisent davantage de plastique que des poches de recharge conçues pour minimiser leur impact environnemental", précisent-ils. En d'autres termes, le remplissage n'est pas compatible avec une politique RSE ambitieuse et cohérente.
Les alternatives : les distributeurs rechargeables avec poches scellées
Les distributeurs équipés de poches scellées représentent une solution pratique et hygiénique. Ces poches sont :
- Pré-remplies en usine, garantissant la conformité aux normes cosmétiques.
- Faciles à insérer dans les distributeurs, sans nettoyage intermédiaire du flacon.
- Conçues pour limiter les déchets plastiques par rapport aux bidons.
Avantages :
- Pas de manipulation directe du produit par le personnel.
- Réduction des risques de contamination.
- Une meilleure traçabilité grâce aux lots identifiés sur chaque poche.
*La commission Environnement de l'Union européenne a validé, en 2023, un texte interdisant aux hôteliers de fournir des produits cosmétiques et hygiéniques avec un emballage plastique unique inférieur à 100 ml ou 100 g. L'interdiction pourrait entrer en vigueur avant 2027 ou au plus tard en 2030.
Publié par Romy CARRERE