À un an des Jeux olympiques, certains hôteliers parisiens et franciliens ont déjà ouvert leur calendrier de réservations, avec des tarifs bien supérieurs à ceux habituellement pratiqués. La demande allant très certainement excéder l’offre, l’une des premières règles du Yield Management s’enclenche, à savoir une augmentation très sensible des prix.
Accor a, par exemple, transmis ses recommandations aux hôteliers du groupe, avec des plafonds à ne pas dépasser, mais certains professionnels n’hésitent pas à multiplier leurs prix par quatre, voire six par rapport aux prix initiaux. Un record a même été enregistré par le journal Le Parisien dans le XVe arrondissement de la capitale, une chambre passant de 90 € cet été à 1 363 € l’été prochain, soit un prix multiplié par 15. Ce qu’analyse Franck Delvau, président de l’Umih Paris-Île-de-France : “les annonces qui restent aujourd’hui disponibles sont aussi celles qui proposent des prix très élevés et n’ont donc pas trouvé preneur”.
Christopher Terleski, directeur du cabinet d’audit Marge ou crève, alerte sur les dangers, pour les professionnels, de céder à la tentation d’augmenter trop les tarifs : “Certains établissement, grâce à leurs emplacements exceptionnels, peuvent afficher des prix très élevés sans courir le risque de chasser le client car si celui-ci ne vient pas, tant pis, il y en aura un autre pour le remplacer. La rentabilité prime sur la fidélité avec le principe que le client qui séjourne ne viendra qu’une fois. Cependant, d’autres établissements, moins ‘chanceux’ mais assez nombreux, dépendent dans la durée d’une clientèle fidèle et récurrente qui pourrait être effacée de la scène car incapable de payer les prix demandés.”
“Gagner petit pour perdre gros”
Et de citer un exemple, datant de l’Euro de football en France en 2016 : “Un client, fidèle consommateur de soirées étapes dans un hôtel près de Lille, a vu sa prestation habituelle de 120 € par soir proposée à 280 € lors des soirées de matchs. Ce client, qui passait environ 100 nuits par an dans l’hôtel, a tout simplement trouvé une autre adresse. Depuis, sur une période de cinq ans - Covid exclu, il a simplement dépensé ses 60 000 € ailleurs. L’hôtelier a gagné petit pendant la coupe et perdu gros dans la durée.”
“Le client et précieux, car il vit dans le luxe. Le luxe de pouvoir choisir chez qui il va aller après les Jeux, prévient Christopher Terleski. Le choix d’aller ailleurs après l’été 2024 pourrait coûter cher à celui qui pensait que des augmentations seraient acceptées par tous, surtout par les habitués. Aux Jeux, il y a des sprints, des distances moyennes et des marathons. Il serait dangereux pour celui qui court de se tromper d’épreuve, car une fois celle-ci enclenchée, le gain ne sera peut-être que marginal. En choisissant la bonne course et en appliquant les bonnes tactiques, la récompense pour l’hôtelier pourrait être de remporter sa propre médaille d’or !”
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Publié par Roselyne DOUILLET