Quelle est votre analyse de l'activité ?
En février, on sentait une légère reprise à Paris, mais
les attentats de Bruxelles ont plombé l'activité. Pour beaucoup d'étrangers,
Bruxelles, c'est la banlieue de Paris. Et même si Paris n'est pas la France, c'est
avec l'Ile de France 50% du business. Toutes les grèves et les images de
saccages qui passaient en boucle au printemps ont été catastrophiques. Sans parler des inondations. Heureusement, l'Euro
a eu des effets positifs. Ensuite, il y a eu la tragédie de Nice qui a eu des
répercussions immédiates sur la Côte d'Azur. Beaucoup d'étrangers ont préféré
repartir ou annuler leur séjour. A Nice, les taux d'occupation des hôtels n'ont
jamais été aussi bas en août. On était en dessous des 50%. En juillet et en
août, le littoral Atlantique a tiré son épingle du jeu. Il y a eu du monde en
Normandie parce qu'il a fait beau mais ce n'est pas une saison extraordinaire. Contrairement
à Paris, des villes comme Bordeaux ou Lyon s'en sont sorties. Le
problème crucial, c'est la trésorerie. Même quand vous avez un crédit à faible
taux, il faut rembourser le capital. Et quand l'activité plonge, ce qui est le
cas, l'entreprise ne suit plus.
Ce qui a été mis en place pour soutenir les entreprises a-t-il fonctionné ?
La BPI a reporté les échéances de prêts (intérêts et
capital) d'abord pour l'hôtellerie, ensuite pour la restauration. Ca a démarré
en janvier et c'était prévu pour une période de six mois. La mesure a été
reconduite oralement pour encore six mois. Certaines banques, et au cas par
cas, ont accepté de le faire mais rien ne les y obligeait. L'instauration d'un
seul interlocuteur dans les zones et régions touchées par les catastrophes pour
gérer l'ensemble des échéances sociales a été efficace. Aujourd'hui, il
faut que toutes les crédits dont la BPI est venue en appui puissent être renégociés.
Il ne s'agit pas de pleurer sur l'avenir mais de faire preuve de bon sens. L'activité
a considérablement souffert. A partir de janvier, un rééchelonnement des
crédits, sur 7 ou 8 ans par exemple, donnerait la visibilité nécessaire. Qu'est-ce
que l'Etat veut ? Des milliers de petites entreprises qui ferment et
mettent leur personnel au chômage ou le maintien du tissu économique qu'elles
représentent ? Les chiffres de l'emploi publiés fin septembre sont mauvais.
La ministre de l'emploi a reconnu que le secteur du tourisme a été sérieusement
affecté par tout ce qui s'est passé. Nous réclamons des solutions pérennes pour
le CHR qui est désormais en crise. Et la priorité, c'est la préservation de l'emploi.
Nous avons déposé des propositions applicables et dont les effets seraient
immédiats.
Lesquelles ?
Outre le rééchelonnement des prêts, un moratoire sur les
charges Urssaf de 15% ; je vous rappelle que certains professionnels ne
parviennent pas à bénéficier du CICE de façon anticipée. Une exonération totale
des charges sociales pour les contrats d'apprentissage et d'alternance. Une
réduction de la contribution foncière des entreprises (CFE, voire une
exonération pour celles dont l'activité enregistre un résultat négatif. Une
exonération des droits de mutation et de succession en cas d'engagement à
investir dans la modernisation de l'établissement à concurrence des dits
droits.
Qu'attendez-vous dans les prochaines semaines ?
Que les textes d'application de la Loi Lemaire (Loi numérique)
soient publiés rapidement. Une partie doit l'être en décembre mais d'autres
vont devoir être approuvés par la CNILL, ce qui va retarder d'au moins trois mois
leur application. Nous réclamons aussi le respect de la clause de parité
tarifaire prévu par la Loi Macron. Nous sommes en
discussion avec tous les professionnels concernés par la Loi Montagne : si
des avantages fiscaux pour la rénovation des résidences de tourisme et des
meublés touristiques sont octroyés, l'hébergement hôtelier doit lui aussi
bénéficier de cette mesure. L'Etat a dégagé 10 millions d'euros pour la promotion de la France, c'est un effort très important qui montre la prise de conscience du problème au plus haut sommet de l'Etat. Maintenant, il va falloir être pertinent. Si ça ne fonctionne pas avec les pays ciblés, il faudra oser modifier le cap et très vite. Ne pas attendre.
Dans quel esprit abordez-vous ce congrès 2016 ?
Les adhérents attendent de nous du soutien. Le secteur est
en grand danger : on doit être sur tous les fronts, sur le court et le
moyen terme. Sauver nos petites entreprises, c'est sauver l'emploi de
proximité. Nous nous battons pour éviter une multitude de petits plans sociaux
qui serait un vrai désastre pour l'ensemble du territoire. Aujourd'hui, de
grandes maisons sont amenées à licencier. C'est nouveau et c'est indicateur qui
doit être pris très au sérieux. Quant au GNI, c'est une jeune organisation, qui regroupe, le Synhorcat,
la Fagiht et le Grand Ouest (Appih). Les choses se mettent en place
progressivement, ça demande du temps, de l'ouverture, la connaissance des
autres. Même si nous faisons le même métier, les problèmes et les entreprises
diffèrent d'une zone géographique à l'autre. Une certitude : le GNI se
présentera en bon ordre pour la représentativité.
Publié par Sylvie SOUBES