Il fallait s’y attendre. Le bilan du cabinet Coach Omnium pour l’année 2020 dans le secteur de l’hospitalité en France n’est pas brillant. Premier constat : un taux d’occupation moyen de 37,5 % pour l’ensemble des hôtels de l’Hexagone, alors qu’habituellement il flirte plutôt avec les 60 %. Par ailleurs, si la période estivale a été plutôt attractive pour l’hôtellerie, “c’est uniquement en matière de tourisme de loisirs et avec une clientèle essentiellement française”, souligne Mark Watkins, fondateur de Coach Omnium. Son 'Panorama 2021 de l’hôtellerie en France' rappelle que, selon l’Insee, la France a fait face à une baisse de 72 % de visiteurs étrangers. Quant aux voyages d’affaires, ils sont en chute libre sur l’ensemble de l’année 2020. “Sur cette période, on estime que moins de 25 % des déplacements professionnels ont eu lieu par rapport au volume annuel habituel”, indique l’étude. Les visioconférences et le télétravail ont pris le pas sur les séminaires et autres salons, en particulier dans les grandes villes, dont Paris. Selon Coach Omnium, “en 2020, les destinations urbaines ont été les plus malmenées avec une baisse de 46 % des nuitées par rapport à 2019”. Une chute qui atteint les 65 % à Paris et en Île-de-France.
“Personne ne peut dire combien d’hôtels vont fermer”
Côté prévisions, Mark Watkins reste prudent et ne fait aucun pronostic. Il s’interroge néanmoins sur les conséquences de la fin du “quoi qu’il en coûte”, prévue le 30 septembre 2021. “Personne ne peut dire, encore, combien d’hôtels vont fermer après cette mise sous perfusion d’un an et demi. Il faudra attendre la fin de l’année 2021, au moins, pour compter les morts et les grands blessés, lorsqu’il faudra commencer à rembourser les PGE”, affirme le fondateur de Coach Omnium. Toutefois, il y a fort à parier que “les petites unités fragiles, situées dans un marché local poussif, n’ayant pas pu se moderniser et ayant une trésorerie défaillante” feront partie des victimes. “Avec moins de 35 à 45 chambres, selon les gammes et les localisations, il est compliqué de trouver un seuil de rentabilité”, indique Mark Watkins. Il rappelle, en outre, qu’un hôtel indépendant sur deux était déjà “en déficit ou juste à l’équilibre dans ses comptes avant la crise sanitaire” et que “près de 11 000 hôtels français ont moins de 30 chambres”. Autrement dit : “L’estimation des dégâts risque d’être violente.”
“Les gens veulent se voir, se revoir”
“La clientèle d’affaires a envie d’un retour au présentiel. Les gens veulent se voir, se revoir”, constate encore Mark Watkins. Ce qui confirme un récent sondage OpinionWay, selon lequel “76 % des voyageurs d’affaires jugent les déplacements importants pour la réussite de leur mission”. Les rendez-vous en présentiel sont, en effet, perçus comme “plus efficaces” que le distanciel. Mais difficile de dire quand cette dynamique va réellement reprendre. Pour l’heure, on reste dans le frémissement. Ce qui n’empêche pas - “contre toute attente”, reconnaît Mark Watkins - les créations hôtelières : “On compte plus d’une centaine de projets en cours dans la capitale et sa périphérie, qui ouvriront d’ici aux Jeux Olympiques de 2024.”
Publié par Anne EVEILLARD