La grivèlerie consiste à profiter d'un service sans le payer. Rare et bien définie par la loi, la filouterie (terme du code pénal) est punie par une peine de six mois d'emprisonnement et 7 500 € d'amende. Outre les mauvais payeurs, hôteliers et restaurateurs sont parfois embarrassés face à ces négociateurs chevronnés.
Ainsi, François-Marie Cussac, ancien professionnel de l'hôtellerie, se souvient d'un visiteur, dans un hôtel de la banlieue d'Agen : "Il est arrivé seul et sans bagage, pour une semaine. Il buvait beaucoup
et parlait de ses campagnes militaires. On se doutait qu'il ne paierait pas. Ce fut le cas. Le patron,
pas inquiet, avait déjà dû avoir le cas puisque la note a été réglée par un
bureau de la Légion étrangère."
"Une viande peut être mal cuite mais on ne
peut pas faire uniquement des reproches sur un repas. Ça a été le cas avec un
couple que j'ai rattrapé sur la terrasse alors qu'il filait sans régler l'addition.
C'étaient des professionnels. Ma femme a négocié avec eux à l'extérieur. Ils
ont fini par payer la moitié du repas", tremble encore de colère Xavier
Castillan président de l'Association des Maîtres cuisiniers de l'Isère,
avant d'ajouter : "Si les mauvais payeurs sont une exception,
les négociations sont fréquentes. On me demande un tarif de groupe pour une
table de dix le dimanche à déjeuner, ou l'apéritif gratuit… Nous contournons
ces demandes par de la pédagogie sur nos charges ou la qualité de nos produits,
mais aussi par un affichage des prix incontestable. Par exemple, nous sommes
très clairs sur les droits de bouchon, sans quoi ce serait une source
inépuisable de marchandage au moment de payer. Avec la crise, les ventes flash,
les sites comme La Fourchette ou des billets d'avion qui vont de 30 à 300 €
pour le même vol, les consommateurs ont pris l'habitude de tout négocier."
Des chasseurs de primes
"Les mauvais payeurs sont rares dans la restauration,
car ce secteur pratique peu le crédit. Les clients payent cash. En revanche, la
négociation est de plus en plus présente, constate Bernard Boutboul, directeur général de Gira Conseil. L'expert
en consommation hors domicile relève une professionnalisation des chasseurs de
ristournes, que ce soit sur internet, au comptoir des fast-foods ou dans des
établissements gastronomiques. "Ce sont des opportunistes nourris aux
émissions culinaires. Ils se présentent comme des experts. Ils multiplient les
réclamations injustifiées avec pour finalité l'obtention d'une remise ou d'un
cadeau. Ils sont toutefois très minoritaires. Je pars du principe que l'on ne
discute pas avec un client : je recommande donc de prendre en compte la
réclamation, mais sans baisser la note. Le restaurateur peut détourner la
plainte en proposant un cadeau, à valoir à un prochain passage",
conclut Bernard Boutboul.
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