L'Hôtellerie Restauration : Votre vision du secteur CHR et du tourisme en général ?
Marc Thépot : Le secteur reste très porteur en termes d’emploi. Avant d’être construit, un hôtel alimente le secteur de la construction ; après ouverture, il fait travailler, par le biais des touristes qu’il accueille, les transports - avion, train, taxi -, les commerces environnants, les guides touristiques et la culture, les restaurants… Il s’agit en outre d’un secteur résilient qui a résisté à toutes les crises - financières, attentats, guerres, grippe aviaire… Dès que les crises sont oubliées, les gens repartent et le tourisme avec. On l’a encore vu récemment, à la fin des périodes de confinement, où le besoin d’évasion a révélé le fort potentiel de la clientèle domestique française.
Et à Marseille ?
À Marseille en particulier, il est d’autant plus important de réconcilier le tourisme avec ses habitants. Qu’ils prennent conscience de la forte attractivité de leur ville et qu’il s’agit là d’un levier économique important. La tendance du tourisme expérientiel, déjà amorcée depuis quelques années, se confirme et s’affirme : les consommateurs cherchent à vivre des expériences et des émotions, à entrer en contact avec les habitants et avec la ville. À ce titre, Marseille est une destination particulièrement attractive, car extrêmement mosaïque, un peu rebelle, plurielle, multiple. On y expérimente la mer, la nature, des quartiers…d’ailleurs on dit souvent ‘Marseille 111 villages, 111 visages’. La ville est également facilement accessible par avion et train. Quant à la fréquentions actuelle, nous remarquons des taux d’occupation de 30-40 % en semaine contre 80-90 % le week-end, alors que nous sommes encore en basse saison.
Quels sont les enjeux de demain ?
Extrêmement apprenant, notre secteur reste l’un des seuls qui donnent accès à l’escalier social. Mais il est aussi un secteur où la masse salariale est le plus gros poste de dépenses et où le coût du turn-over est énorme. L’un des premiers enjeux est donc de fidéliser nos employés. Cela passe par une revalorisation des salaires mais aussi et surtout par un management moderne qui implique écoute, équité, exemplarité, engagement, flexibilité et agilité. Certaines pratiques n’ont plus leur place - coupures, externalisation exagérée de certains postes, économie informelle… Parallèlement, la révolution digitale - réputation accessible à tous sur le web et les réseaux sociaux - et le développement durable favorisant un tourisme responsable par l’exemple sont deux autres enjeux majeurs sur lesquels nous oeuvrons*.
* Parmi ses actions, l’office du tourisme a mis en ligne des guides pratiques pour accompagner les professionnels du tourisme - dont hôteliers et restaurateurs - dans leur transition durable.
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Publié par Propos recueillis par Tiphaine Beausseron