C'est un établissement profondément transformé de l'intérieur mais au cachet extérieur intact qui est inauguré aujourd'hui, 25 avril, à Marseille (13). L'hôtel InterContinental a donné lieu à la transformation unique d'un bâtiment historique, l'ancien Hôtel-Dieu, qui retrouve ainsi toute sa place dans l'environnement urbain de la troisième ville de France.
Le projet - résultat du concours lancé par la ville en 2006 - était mené par Altarea Cogedim, financé par Axa Real Estate, avec comme équipe architecturale Anthony Bechu et Tangram Architectes, et comme conseil technique hôtelier la société Thed International, en duo avec IHG pour sa marque InterContinental. Un projet spectaculaire qui a été estimé à 76 M€ mais devrait atteindre environ 94 M€, et qui a nécessité plus de deux ans de travaux.
Intégration à la ville
Car l'Hôtel-Dieu, plus qu'un bâtiment, est aussi le projet de la ville. "Nous voulons que les Marseillais puissent s'approprier le projet", a déclaré Dominique Vlasto, adjointe au maire en charge du tourisme, dans une présentation au Mipim, le marché international annuel des professionnels de l'immobilier. Car malgré le bail emphytéotique concédé à Axa, la ville de Marseille reste propriétaire des lieux.
Pour mieux appuyer cette dimension d'intégration à la ville, il a donc été prévu de réaliser, indépendamment de l'hôtel, 85 logements locatifs, trois commerces et 165 places de parking. L'hôtel 5 étoiles, prévu pour répondre à la demande d'une clientèle d'affaires et de congrès ainsi qu'à celle des croisières en augmentation constante, compte 172 chambres et 22 suites, dont 72 avec vue sur le Vieux Port et 33 avec terrasse privée. Il dispose aussi d'une brasserie de 80 places - Les Fenêtres -, un restaurant gastronomique de 40 places - baptisé L'Alcyone -, un bar, le Capian, ainsi qu'un spa by Clarins et une salle de spectacles que la ville souhaiterait même garder en gestion.
Respect des volumes et des couleurs
Hôpital dès le XIIe siècle, le site a subi de nombreuses évolutions au cours de son histoire. Le corps principal du bâtiment visible aujourd'hui a été dessiné en 1753 par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne - petit- fils de Jules Hardouin-Mansart.
Pour effectuer la transformation du bâtiment, l'architecte Anthony Bechu a dès le départ souhaité redonner à la pierre du sud tout son éclat et restituer les volumes initiaux. "Nous allons prolonger les grands escaliers, créer une terrasse esplanade sur le parvis en haut de la montée jardinée", écrivait l'architecte dans son pré-rapport, prévoyant pour le lobby un aménagement sous la grande terrasse "dans l'axe historique de Mansart".
Pour lui, la réhabilitation ne devait pas toucher aux circulations verticales "qui vont mettre en scène les axes du plan d'origine concrétisé par deux escaliers monumentaux." Les arcades ont ainsi été conservées et réhabilitées permettant de jouer avec l'ombre et la lumière. Enfin, la terrasse aménagée, accessible à la fois de l'intérieur et de l'extérieur, qui domine le Vieux Port avec vue sur Notre-Dame-de-la-Garde, conduit au spa, au lounge bar, à la brasserie ainsi qu'au restaurant gastronomique. Ainsi retravaillé, l'établissement offre une grande variété de volumes, avec dans certains espaces plus de 4 m de hauteur sous plafond, la référence du bâtiment initial. Il s'inscrit par ailleurs comme projet pilote en faisant l'objet d'une certification Haute Qualité Environnementale.
Dans ce décor monumental, Jean-Philippe Nuel, l'architecte décorateur, a su adapter son style et a respecté les volumes et les couleurs : "J'ai cherché à reproduire le caractère minéral du quartier du Panier, avec cette pierre grise mais claire, qui est aussi celle des calanques. J'ai ainsi joué sur la minéralité du lieu, les déclinaisons de gris, et avec les ombres et les lumières, deux tonalités omniprésentes à Marseille.". Sa préférence est donc allée aux tonalités de blanc et de noir, à l'image des bâtiments patrimoniaux de la cité, faisant fi de la couleur, si ce n'est ce bref rappel bleu pâle, l'autre couleur dominante de la ville de Marseille.
Publié par X. S.