"Il a fallu tailler dans le vif et recommencer tout presque à zéro", témoigne Patrick Bagot, trésorier d'Euro-Toques France, commissaire adjoint aux partenariats et délégué régional en Lorraine. Le bureau national de l'association ne compte plus que cinq membres, président compris, et ils se réunissent tous les mois. Chaque membre de ce bureau vit et travaille en province. C'est en effet une dérive 'parisianniste' qui explique, selon ses membres, le déclin de la branche française de l'association ces dernières années. Désormais, chaque région a son délégué qui vient régulièrement au siège, resté à Paris. Le pays fondateur de l'organisation a enfin retrouvé ses esprits et son rang parmi les dix-huit autres antennes nationales.
Cette fois, 45 chefs venus de Lorraine et d'Alsace se sont réunis à Metz au restaurant À la ville de Lyon, chez Georges-Michel Viklovszki. Certains sont des membres, d'autres sont venus "pour voir". "La démarche m'intéresse mais je voudrais en savoir davantage", confie Roger Bouhassoun, chef du Relais & Châteaux La Cheneaudière à Colroy-la-Roche (67). Patrick Bagot est tout de même confiant : "Les adhésions repartent à la hausse."
Un fonctionnement allégé et facilité
La branche française peut donc se consacrer désormais aux missions désignées par Pierre Romeyer et Paul Bocuse lors de la création du mouvement en 1986 et fixées dans une charte de 15 articles. L'objectif est d'offrir des produits de qualité, de terroir et de les transformer dans les établissements qui les servent aux clients. "Notre priorité, c'est la qualité de l'agriculture. Nous sommes au service de nos producteurs", explique le président international luxembourgeois Daniel Rameau, venu en voisin à la rencontre messine. Trois personnes sont en permanence au bureau parisien et deux sont basées à Bruxelles. L'objectif est de faire du lobbying auprès des politiques, surtout européens, pour protéger le terroir : Euro-Toques est la seule association lobbyiste de chefs cuisiniers reconnue officiellement par la commission européenne. "Nous ne faisons pas de politique, martèle Daniel Rameau. Nous frappons à toutes les portes, quelles que soient les convictions défendues par nos interlocuteurs. Un partenariat a même été signé avec le WWF - le fonds mondial pour la vie sauvage -, en mai dernier, pour des pêcheries durables." La pisciculture et la pêche font en effet partie des gros chantiers du moment avec la défense du foie gras artisanal, celle du fromage au lait cru, la composition du chocolat, les étiquetages, la lutte contre l'obésité infantile... La sensibilisation passe aussi par des manifestations autour des produits comme ce repas au poisson sauvage réalisé au Parlement européen, des concours culinaires ou des rencontres sur des salons.
Publié par Flora-Lyse Mbella