Le naufrage de la restauration sur berges

Paris (75) Avec un pic à 6,10 m, la Seine a atteint son plus haut niveau depuis trente ans vendredi dernier. Les péniches-restaurants amarrées sur les quais ont vécu une semaine en enfer.

Publié le 07 juin 2016 à 11:07
Marine Pequignot, la propriétaire de la péniche-restaurant-concert El Alamein amarrée quai François Mauriac (XIIIe), au pied de la Bibliothèque Nationale de France, n'a pas le coeur à rire. Vendredi dernier, en bottes hautes, elle observe, fataliste, un chariot-élévateur qui manoeuvre sur le quai inondé pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être : caisses de boissons jetées en hauteur, tables empilées à la va-vite, matériel de cuisine sauvé des eaux… comme si un tsunami avait traversé Paris.

"Nous avons connu la crue de 2001, alors nous étions peut-être plus préparés que les autres, mais la montée du niveau de la Seine a été fulgurante", reconnaît Nicolas Ombredâne, du Concorde Atlantique, la plus grosse péniche privatisable de la capitale, installée face au 23 quai Anatole France (VIIe). "Les autorités ont élaboré le plan Sequana pour anticiper une crue de 8 m, mais de toute évidence à quatre mètres, ils sont totalement dépassés, ajoute-t-il. De nombreux équipements avaient été installés sur les berges pour l'Euro 2016, mais rien n'était sécurisé, attaché. Notre problème, c'est que les 'mikados' [sorte de traverses de chemin de fer en bois qui servent de bancs, NDLR] partent à la dérive et fracturent nos équipements. La ville évacue ses containers et laisse les commerces livrés à eux-mêmes, comme Food Breizh à qui nous avons porté secours en stockant sur notre bateaux ses marchandise et, crêpières alors que sa crêperie-container était déjà prise par le fleuve."

Eléctricité coupée, transporteurs indisponibles

France Barré, gérante de ce restaurant sur berge depuis juillet dernier, fait face à la situation avec philosophie : "La convention qui nous lie à la ville, nous oblige à évacuer nous-mêmes nos équipements en cas de crue à la condition que Paris nous donne l'ordre d'évacuer au moins 48 heures à l'avance. Mardi matin, alors que la Seine avait montée de plus d'un mètre dans la nuit, les fonctionnaires avaient coupé l'électricité générale et réservé tous les transporteurs capables de mettre au sec mon affaire", regrette la restauratrice, qui attend la remise en tension de ses équipements pour évaluer les dégâts. "L'assureur m'a dit de prendre des photos mais je suis pessimiste pour la perte d'activité, car nous avons moins d'un an d'existence."

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Publié par Francois PONT



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