Sous un calme étonnant, une voix posée, une décontraction et une simplicité naturelles, Nicolas Le Bec masque une énergie et une inventivité hors du commun. Doublement étoilé en 2007 pour son restaurant rue Grôlée, au coeur de Lyon, créateur de L'Espace Le Bec de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry et … déjà lauréat des Palmes du Leaders Club, il y a huit ans pour son Épicerie, le voilà de nouveau lancé dans une aventure de grande ampleur : sa Rue Le Bec, un territoire de gourmandises de 2 000 m2 (une voie longue d'une trentaine de mètres et large d'une dizaine), qui résume sa volonté de sortir la gastronomie de son ghetto doré.
Les clients peuvent, à loisir, consommer sur place ou faire leur marché. Chaque échoppe a son numéro : le poissonnier au 3, le boucher au 5, le maraîcher au 3 bis, la cave à fromages au 6, l'épicier du monde au 7, le caviste et son chai de 70 barriques au 8, le comptoir à café au 9. Sans oublier un comptoir où l'on peut manger sur le pouce, deux fumoirs pour amateurs de cigares, le bar Place rouge, conçu comme un appartement privatisable. "J'ai imaginé une rue commerçante où l'on prend le temps de venir flâner, se restaurer, faire des emplettes. Je veux aussi proposer une restauration de qualité à tous à travers une cuisine simple et une ambiance conviviale permettant de voir le travail des cuisiniers." Les cuissons mêlent d'ailleurs cuisine traditionnelle, grill japonais teppanyaki, barbecue argentin, four indien en terre cuite, friterie…
Une cuisine du dimanche
L'idée était en germe depuis La Cour des Loges où Nicolas Le Bec a conçu un 'café épicerie' an succès immédiat. L'essentiel des mets y était proposé en terrines ou verrines. L'opportunité de la réhabilitation des entrepôts des Salins du Midi par Les Voies navigables de France, la Caisse des dépôts et le groupe Cardinal, propriétaires du bâtiment a fait de nouveau rêver le jeune chef qui a travaillé pendant trois ans avec l'architecte Fabrice Bolénor pour faire surgir cette rue pas comme les autres. Il délégue alors les pianos de ses deux autres restaurants à des 'bras droits' de confiance.
Son but : drainer une clientèle diversifiée. "La carte est évolutive : des pâtes, des pizzas, des grillades mais aussi du canard laqué, de la dorade ou un simple gigot aux flageolets, dans l'esprit de la cuisine du dimanche. Je veux que le client en ait pour son argent, en misant sur peu de marge mais du volume", résume-t-il. Les participants aux Palmes de la Restauration l'ont ovationné. Il a remercié modestement avant de repartir très vite. Sur son agenda à la page du lendemain : Pekin et l'inauguration de 'son' restaurant au Shangri-La, avant de se rendre à l'Opéra Garnier (Paris) où il est le chef d'orchestre d'un nouveau projet. ..