En 2015, l'Hôtel de Lille (Paris, VIIe), rebaptisé Hôtel de la rue de Lille, a opéré
sa mue. Les quinze chambres ont été entièrement refaites et 1,5 M€ ont été
investis avec pour objectif de passer de 2 à 4 étoiles. L'hôtel, établi depuis
le XIXe siècle, s'est inspiré des personnalités qui ont marqué l'histoire de
Saint-Germain-des-Prés. "L'idée était de se différencier, explique le
directeur, Philippe Daucet.
Les gens viennent chercher une location, mais aussi l'esprit de
Saint-Germain-des-Prés. L'idée nous est apparue comme une évidence."
Une maison de famille
L'hôtel a été pensé comme une maison de famille, avec une décoration
chic mais sobre, pour que les clients se sentent chez eux. Jean-Luc Bras,
l'architecte-designer qui a conçu le lieu, a su tirer partie du moindre espace
pour rendre les chambres, de 13 à 26 m2, confortables. À tous les
étages, on retrouve un mobilier à la fois fonctionnel et design (Knoll, LCW,
Bertoia…) et les mêmes matières nobles. Chaque chambre rend donc hommage à un
artiste, peintre, écrivain, chanteur ou intellectuel de la Nouvelle Vague :
Serge Gainsbourg, Juliette Gréco, Boris Vian, François
Truffaut, Patrick Modiano, Ernest Hemingway… Leur nom n'a pas
simplement été apposé sur la porte. "Nous avons choisi des artistes qui
avaient des connexions entre eux et nous avons voulu à travers ce thème
raconter une histoire, celle du Saint-Germain-des-Prés de l'époque et créer une
émulation", poursuit Philippe Daucet. Sans être transformées en musée, les
chambres sont peuplées de livres, d'objets et de clins d'oeil rappelant l'artiste
évoqué (photos, reportages ou concerts enregistrés sur les télévisions, modèle
de machine à écrire de Françoise Sagan, murs vert tendre évoquant l'Asie dans la chambre Marguerite
Duras…) et invitent à découvrir leur univers. "Il y a de la matière pour
les clients qui ont envie d'en savoir plus, ils peuvent affiner leurs connaissances.
Certains nous achètent des livres, d'autres nous posent des questions, il y a
une vraie curiosité…"
"Chaque
membre de l'équipe doit porter cette histoire"
"Faire un hôtel à thème donne des arguments complémentaires, mais cela
ne fait pas tout !, reprend
le directeur. Pour communiquer, il ne faut pas que cela soit qu'une façade
commerciale. Chaque membre de l'équipe doit porter cette histoire. Ils ne sont
pas tous spécialistes des quinze personnalités, mais chacun doit connaître deux
ou trois anecdotes pour pouvoir transmettre. Cela nécessite une formation
spécifique du personnel à son arrivée."
À l'heure où la concurrence d'Airbnb fait rage, c'est aussi un moyen d'aller
plus loin, d'offrir ce que les particuliers ne proposent pas. "Nous imaginons par
exemple des événements autour des artistes, des soirées cocktails ou des lectures.
Le thème permet de faire vivre l'hôtel." Pour aller plus loin, l'établissement a décidé de travailler avec les
fournisseurs des alentours. "Le pain vient de chez Kayser par exemple.
Nous jouons à fond la carte de la proximité, cela permet d'avoir une meilleure
réactivité, et c'est un vrai plus si la qualité est bonne." L'hôtel
propose des parcours avec les restaurants, les épiceries fines ou les boutiques
vintage du quartier et dévoile ses adresses secrètes. Les clients peuvent ainsi
découvrir le VIIe arrondissement comme s'ils y vivaient.
Publié par Julie GERBET