L'activité touristique des Hautes-Pyrénées en question après les graves inondations de la semaine dernière

Hautes Pyrénées Lourdes et les zones de montagnes traversées par le Gave de Pau ont subi d'importants dégats depuis une semaine. Les inondations risquent de porter un coup très grave à l'activité économique, purement saisonnière, de la région.

Publié le 26 juin 2013 à 17:08

Mardi 25 juin, une semaine jour pour jour, après les terribles inondations qui ont marqué le département des Hautes-Pyrénées, l'heure est au constat, au déblaiement, à la collecte des informations, au recensement. A Lourdes, 37 hôtels ont été touchés  par la montée des eaux, essentiellement dans la ville basse, proche de la Grotte.  « Ce sont les caves, les locaux techniques, les cuisines ou encore les rez-de-chaussée qui sont les plus abimés » indique Pascale Fourticq, directrice de l'office de Tourisme de Lourdes, qui tente d'établir une liste des lits disponibles. Pas simple. « On le sait, tous les établissements ne vont pas pouvoir rouvrir. Au moment où je vous parle, c'est vraiment du cas par cas. Pour certains, les plus chanceux, cela tient à des problèmes de compteur électrique. Il faut changer une pièce qui doit arriver. » Lourdes compte 18 000 chambres, 3 500 ont dû être fermées à la suite les intempéries. Les pèlerinages les plus importants auront lieu en août et octobre. C'est désormais là-dessus que tablent les professionnels. Dans l'immédiat, de nombreux problèmes se superposent. « Nous avons eu beaucoup d'annulations liée à la communication faite sur la fermeture des sanctuaires. Or, actuellement, tous ont pu rouvrir » commente Pascal Chardonnet, président de la CPIH 65. « Pour maintenir Lourdes en vie,  il faut que les gens reviennent. Mais les conditions d'accueil seront différentes pour certains. Les hôtels qui ont le plus souffert sont des trois et quatre étoiles. Nous ne savons pas comment leur clientèle va réagir si elle doit se rabattre sur des deux étoiles. » Malgré les efforts multipliés par la Chambre de commerce et d'industrie de Tarbes, par la préfecture ou le clergé, «il est très difficile de canaliser l'information. Un tel dit ceci, un autre cela… Je retiens aussi des propos de Sylvia Pinel, que l'Etat ne peut pas tout faire tout seul » soupire le dirigeant syndical, un tant soit peu désabusé. Christian Gelis, secrétaire général de l'Umih Lourdes, aurait voulu davantage de soutien. « Oui, pour le RSI, l'Urssaf, les impôts, il y aura un report de charges. Mais je crains que le gouvernement ne mesure pas l'étendue de la catastrophe. Nous risquons d'avoir des dépôts de bilan en cascade, notamment en montagne. Il faudrait constituer un fonds de solidarité dédié aux zones touristiques. Il y a les établissements sinistrés matériellement et ceux qui le sont par contre coup. Sur Lourdes, une vingtaine d'établissements ne vont sans doute pas pouvoir rouvrir cette année. En altitude, nous allons vers un drame humain».

Communiquer sur les sites de nouveau accessibles

Pour Pierre Tristan, du bureau de l'Umih 65, c'est effectivement le sentiment d'abandon qui domine actuellement. « D'accord, les zones vont êtres classées en catastrophe naturelle. Mais tout un pan de l'hébergement est indemne mais il est inaccessible. Qu'est-ce qu'on va faire pour ces professionnels dont les hôtels ne sont pas matériellement sinistrés mais qui sont sans clients ? Beaucoup de villages sont encore coupés du monde. C'est le début de la saison d'été et l'accès est impraticable. Personne ne peut monter, même pas un vélo. Et puis, parallèlement, il y a des secteurs où on peut accéder. C'est le deuxième aspect qui n'est pas abordé. Communiquer sur la détresse réelle dans laquelle certains établissements se trouvent est impératif. Mais communiquer sur les sites et les infrastructures qui n'ont pas été meurtris est tout aussi urgent. Gavarnie, ce sont deux millions de visiteurs. Le site a été rouvert. Si les gens ne savent pas qu'ils peuvent venir, je vous le répète, on va tout droit vers une catastrophe économique dont je ne sais pas comment nous allons pouvoir nous relever. Je vous rappelle que nous sommes des entreprises saisonnières ». Renée Duquesnes est vice-présidente de la CPIH 33. L'an denier, elle a pris l'exploitation du restaurant du Col de Montaret, une affaire purement saisonnière qui a dû, cet hiver, faire face à des conditions climatiques rares. « Sur 128 jours d'ouverture, nous avons été fermés 40 jours. Durant les jours d'activité potentielle, nous avons eu deux jours de caisse à zéro. Les skieurs ne pouvaient pas venir." L'établissement devait rouvrir le 1er juin. Mais la neige bloquait encore l'entrée. Même chose les 6, 7, 8 juin…  Toutes les manifestations autour de la petite reine ont dû être annulées. Plusieurs cars entiers de touristes n'ont pu être accueillis. Son restaurant, alors qu'elle vient d'être le témoin des débordements du Gave de Pau, est toujours au point mort. « A Luz, c'est la désolation, ajoute-t-elle, la voix serrée. J'ai des amis qui tiennent le restaurant, café, pâtissier au centre du village. Pour vous donner un ordre d'idée, ils ont ce matin 1,50 mètre de boue dans les chambres froides. A Barrèges, c'est ville morte. Des personnes dont la maison se trouvaient à 60 mètres de la rivière et dont le terrain s'étendait sur 6 000 m2 n'ont plus rien. Ils n'ont plus d'habitation, plus de terrain. Le Gave a recouvert le sol, la route, il s'est multiplié par cinq ou six par endroits. » Evoquer ici la saison d'été est une désormais inutile, absurde, impossible. Quant à penser à  la prochaine saison hivernale…


Publié par Sylvie SOUBES



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