Hormis quelques publicités pour une certaine eau minérale mettant à l'honneur ses volcans, l'Auvergne demeure, pour beaucoup, une région méconnue. Réputé triste et plat, le Nord-Pas-de-Calais n'a pas non plus le vent en poupe. La Moselle, le Loiret, ou encore la Creuse font également partie des départements qui ne font guère rêver les Français.
Pour preuve, le surplus d'offres d'emploi par rapport à la demande, mis en évidence dans la dernière enquête Besoins en main-d'oeuvre 2015 de Pôle emploi. Quelques exemples : le Loiret annonce 1 233 projets de recrutement dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, dont 54,7 % seraient jugés difficiles. Dans la Creuse, on évoque 1 424 offres mais 81 % de difficultés à recruter des cuisiniers. En Moselle (1 596 offres), c'est l'embauche des boulangers-pâtissiers qui s'avère un casse-tête dans 46 % des cas. La Lorraine n'est d'ailleurs jugée attractive* que par 11 % des cadres... Très loin derrière les régions Midi-Pyrénées (67 %) ou Paca (72 %). Ce désamour tient à trois raisons majeures : région isolée, météo réputée capricieuse et manque de moyens de communication.
À l'hôtel-restaurant du Fort du Pré, en Haute-Loire, on avoue ainsi peiner à recruter : "La ruralité n'attire pas les jeunes qui recherchent des destinations plus ensoleillées, plus fun", explique la responsable de l'établissement, Cécile Guyot. Patrick Chambaret, qui dirige l'Orée des Chênes dans le Loiret, pâtit de la proximité avec Orléans : "Les chargés de famille préfèrent rester près des grandes villes pour les études de leurs enfants." Cyrille Longuet, responsable du Mercure Arras (Pas-de-Calais), avoue "ne jamais recevoir de candidatures spontanées."
Les collaborateurs, valeur de l'entreprise
Pourtant, les avantages à travailler hors des grandes villes sont réels. S'installer en province permet de se loger à bon prix, de réduire son temps de transport et de bénéficier d'un environnement de meilleure qualité. Il n'empêche : les employeurs ont trouvé des 'carottes' pour attirer davantage les candidats à l'embauche. D'abord, les contrats en CDI sont souvent la règle. Ensuite, si le smic hôtelier reste de mise, des primes sont généralement accordées. À La Bonne Auberge à Nouzerines (Creuse), le directeur Sylvain Lanusse n'hésite pas à adapter "les horaires de travail à la vie familiale" de ses employés. Dans le Cantal, à l'hôtel du Lac des Graves, on préfère mettre gracieusement à disposition le logement pour le personnel saisonnier. Régis et Jacques Marcon, 3 étoiles Michelin pour leur restaurant en Haute-Loire, ont été encore plus loin avec la création d'un parc de 38 logements neufs destinés à leurs employés et défiant toute concurrence. "La valeur de l'entreprise, ce sont ses collaborateurs. Si embaucher en dehors des grandes agglomérations est plus délicat, il faut à tout prix fidéliser son personnel par des conditions de travail optimums." Une politique qui semble payante : l'Auvergne a, par exemple, annoncé avoir gagné 47 000 nouveaux habitants entre les années 2000 et aujourd'hui.
* Source : Les Échos, Juin 2015
Publié par Mylène SACKSICK