Pour Gérard Ravet, natif de la Croix-Rousse à Lyon, l'évidence était de devenir professeur d'anglais. Il y pensait, en rêvait, jusqu'à son échec au baccalauréat où sa faiblesse en mathématiques lui a joué un mauvais tour.
Que faire alors ? À 19 ans, en 1972, et pour les pourboires qu'il pouvait récupérer, le voilà bagagiste, embauché au Sofitel Lyon Bellecour. "Pour six mois au départ... J'y suis resté seize ans", s'amuse-t-il aujourd'hui. Bagagiste donc, même s'il passe pourtant volontiers derrière le comptoir de la conciergerie où il peut dépanner ses collègues et pratiquer son anglais. "Je me souviens que j'éprouvais le besoin d'aider, de rendre service. C'est typique de notre métier et chacun, selon sa personnalité, fait cela."
Le pli est pris. Il oublie son envie d'enseigner et se met à apprendre en observant, en se remettant volontiers en cause. "C'est un métier où la psychologie est aussi importante que la discussion et l'écoute. Nous sommes les ambassadeurs de notre ville et l'origine étymologique du nom concierge situe notre travail (en latin : 'conservius' vient de cum 'avec' et servos 'esclave', NDLR)."
"Adaptation permanente"
Il s'amuse sur les servitudes ou plutôt obligations d'un métier pas tout à fait comme les autres. "C'est très prenant. On sait à quelle heure on commence, jamais celle à laquelle on finit. Et les voyageurs d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'hier, ce qui oblige à une adaptation permanente."
Il s'y attache, revivant comme un grand moment l'ouverture de la Cour des Loges le 18 avril 1988. À l'époque, Hélène et Jean-Luc Mathias transforment en hôtel un ensemble de bâtiments dont les plus anciens datent de la Renaissance. Depuis douze ans, Georges-Eric Tischker, Jocelyne et Jean-Louis Sibuet ont pris possession des lieux mais n'ont rien modifié à ce souci d'excellence auquel Gérard Ravet souscrit pleinement.
"C'est une magnifique structure, coqueluche de la clientèle internationale - à plus forte raison depuis que le restaurant est étoilé par le guide Michelin. Il y a dans l'équipe le plaisir de faire plaisir. En fait, sauf si c'est contraire à la morale, on n'aime pas dire non."
Publié par Jean-François MESPLÈDE